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Dans les coulisses de la « police de l’art »

Fondé en 1975 pour lutter contre le pillage des églises et des châteaux en France, l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels mène aujourd’hui des enquêtes impliquant des réseaux criminels intercontinentaux. Ainsi que l’affaire du Louvre Abu Dhabi.

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Publié le 17 août 2022 à 05h30, modifié le 17 août 2022 à 11h59

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Chez un marchand d’art indien soupçonné de posséder des centaines d’artefacts supposés avoir été pillés dans des temples hindous, à Chennnai, le 22 juin 2016.

Ils ne font pas dans le monde mortifère des « stups » ni dans celui, glauque, sans foi ni loi, des trafics d’êtres humains ou des gangs adeptes du « braquo » et de l’AK-47. Pourtant leurs « clients » n’en sont pas moins sans scrupule. Spécialisés dans les enquêtes visant les contrefaçons et les vols d’objets d’art et de pièces d’antiquité, les policiers et gendarmes de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) plongent dans des investigations qui les mènent notamment du Louvre Abu Dhabi au château de Fontainebleau, du port de Barcelone en Espagne au Musée de Nice, de l’Europe du nord à l’Asie, en empruntant au détour de leurs poursuites les routes du Proche et du Moyen-Orient.

Ils sont une trentaine – policiers et gendarmes à parts égales – qui, sous les ordres du colonel Hubert Percie du Sert (tout juste nommé depuis début août) et de son adjoint, le commandant de police Jean-Luc Boyer, œuvrent dans les locaux de la Direction centrale de la police judiciaire, à Nanterre. Objectif : protéger le marché des arts des commerces illicites, considérés comme le troisième trafic mondial derrière ceux de la drogue et des armes. Un trafic qui n’enrichit pas que des aigrefins aux costumes bien taillés dans les meilleurs textiles, mais aussi des terroristes de l’organisation Etat islamique (EI), qui font de la vente des pièces d’archéologie pillées sur les sites antiques l’une de leurs sources de financement.

Pour preuve l’affaire Jaume Bagot, du nom de ce marchand d’art catalan de Barcelone âgé de 34 ans, amateur de Porsche Cayenne, poursuivi par la justice espagnole depuis 2018. Il est soupçonné d’avoir acheté des objets d’antiquité de grande valeur provenant de sites archéologiques dépouillés par des soldats de l’EI en Libye. Ces pillages, destinés au financement du terrorisme, connaissent, depuis une quinzaine d’années, une expansion inquiétante. A tel point que, en 2015, au lendemain des attentats du 13-Novembre, à Paris et à Saint-Denis, le président de la République de l’époque, François Hollande, déclarait à la tribune de l’Unesco que la France hissait la lutte contre les trafics de biens culturels au rang de priorité. « Dès lors, se souvient le commandant Boyer, on a commencé à enquêter, en nous intéressant aux réseaux internationaux de vol, de blanchiment et de vente issus de ces régions. »

« Malfrats en bande organisée »

Aux dires de ce policier expert en la matière, ce trafic – la spoliation des patrimoines – se développe dans les zones à forte instabilité politique. Le procédé d’acquisition est parfois simple. Au départ, une famille dans le dénuement perd ses moyens de subsistance. Le territoire sur lequel elle vit renferme quelques richesses archéologiques. Elle s’en empare, les vend à un premier intermédiaire, lequel est en relation avec un intermédiaire supérieur. Celui-ci connaît d’autres intermédiaires ayant accès aux filières de trafic internationales, qui disposent du savoir et des moyens pour mettre ces pièces sur le marché mondial, en les habillant de fausses factures, de faux documents de musée et de douane, de fausses estimations…

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