Eclipsé des débats pendant cinq ans, le collège revient au cœur des discours politiques. Dans un entretien accordé à Midi libre, mi-septembre, le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, a affiché sa volonté de « s’attaquer » au collège, qu’il qualifie d’« homme malade du système ». Depuis sa nomination, fin mai, le locataire de la Rue de Grenelle multiplie les prises de parole sur cette étape de la scolarité. Il a plusieurs fois évoqué l’« attention particulière » qu’il tenait à accorder au collège, « pris en sandwich » entre l’école primaire, érigée en « priorité » sous son prédécesseur Jean-Michel Blanquer, et le lycée, objet de la plus vaste réforme éducative du premier quinquennat d’Emmanuel Macron.
Pourquoi se focaliser sur le collège ? Pap Ndiaye insiste sur le « faible » niveau des élèves à la fin de la 3e, surtout en mathématiques et en anglais, et sur les inégalités qui se « creusent » en 6e pour justifier la nécessité d’une transformation. Les tests passés en début de 2de montrent, en effet, qu’une partie des élèves n’a pas une maîtrise suffisante des compétences et des connaissances évaluées en maths et en français, et que les importants écarts de niveaux sont fortement corrélés à l’origine sociale des élèves.
Pour l’heure, le ministre de l’éducation nationale ne se risque à aucune annonce d’ampleur et renvoie à la concertation qui va se mettre en place dans le cadre du Conseil national de la refondation, cette instance de dialogue lancée par Emmanuel Macron début septembre. Seuls des dispositifs spécifiques ont été proposés pour la rentrée, comme la poursuite du « plan mathématiques » ou le déploiement d’un « plan d’urgence » pour améliorer le niveau d’anglais des collégiens. La Rue de Grenelle met également l’accent sur les expérimentations prévues pour « mieux accompagner la transition » entre le CM2 et la 6e ou pour encourager la « découverte des métiers » pour les élèves dès la 5e.
« Concentration des difficultés »
Le collège est-il vraiment l’« homme malade du système » ? « On parle de “maillon faible” du système depuis l’instauration du collège unique », rappelle le sociologue François Dubet. Une image éculée que les réformes successives, depuis 1977, n’ont pas corrigée et qui se heurte à la difficulté d’établir un diagnostic précis sur les « performances » du collège et leur évolution.
Si des évaluations existent désormais à l’entrée de la 2de, elles ne permettent pas de juger de l’effet du seul collège sur les résultats des élèves. En mathématiques, par exemple, la forte baisse du niveau est déjà observée à la fin de l’école primaire. Le constat est le même concernant les inégalités, déjà très prononcées à l’arrivée en 6e. La Cour des comptes notait ainsi, en 2018, dans un rapport sur l’éducation prioritaire, des différences de niveaux contenues au collège, « alors même que la concentration des difficultés plus grande qu’en primaire pourrait les dégrader encore ».
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