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Enseignement supérieur: boîtes à diplômes et machines à sous

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Nombre d’écoles supérieures privées sont avant tout des sociétés à but lucratif, pilotées par des fonds d’investissement. Ces structures, qui rognent parfois sur la pédagogie, ne sont pas soumises au contrôle de l’Etat, mais ont son soutien indirect.
par Marie Piquemal
publié le 27 septembre 2022 à 20h31

Il avait pourtant tout épluché avant d’inscrire son aînée l’année dernière. Des heures à examiner le site internet de l’école. Certes, cet institut d’arts appliqués, Lisaa, coûte bonbon (autour de 8 000 euros l’année), mais le projet pédagogique semblait bien ficelé. Comme beaucoup de familles, Bruno (1) s’était convaincu d’un «investissement nécessaire» pour l’avenir de sa petite. Aujourd’hui, près d’un étudiant sur quatre suit un cursus dans un établissement supérieur privé. Ils sont 737 000, soit 260 000 de plus qu’il y a cinq ans. Les effectifs progressent à vive allure (+10 % en un an), bien plus rapidement que dans le public (0,3 %). L’étiquette «reconnue par l’Etat», souvent présente dans les brochures, avait rassuré ce père. Du solide, a-t-il pensé.

Le solide s’est vite révélé flasque. Bruno a tiqué quand la direction de l’école a évoqué une baisse du nombre d’heures de cours. Des pans entiers d’enseignement sont menacés. Une partie serait remplacée par des contenus en ligne, au nom du «projet de transformation de l’expérience pédagogique», appelé aussi «digitalisation». «Faire moins de cours et mieux», vantait la direction en mai, lors d’un conseil d’administration. Que penser aussi de ce plan «happy student maker», où il est demandé «de répondre positivement à chaque plainte d’étudiant, nous sommes là pour les servir», rapporte une enseignante. Au passage, dit-elle, la direction préfère parler d’«animateurs», plutôt que de profs. L’élève

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