La France va cofinancer la construction de dix usines misant sur l'hydrogène
Une dizaine d'usines implantées dans sept régions sont prêtes à sortir de terre, avec le soutien de l'Etat, qui va y investir 2,1 milliards d'euros. Elles devraient permettre de créer plus de 5.000 emplois directs.
Par Muryel Jacque
« J'arrive devant vous avec une bonne nouvelle… Ce n'est pas tous les jours. » La Première ministre, Elisabeth Borne, n'a pas boudé son plaisir, mercredi, en annonçant la liste des dix premiers projets retenus par Bruxelles et Paris pour amorcer la création d'une filière hydrogène en France. C'est « l'occasion d'un pas de géant » pour ce gaz, rangé désormais parmi les solutions à même de nous amener à la neutralité carbone, qui fait rêver l'exécutif comme nombre d'industriels.
« Avec l'hydrogène, nous pourrons décarboner massivement notre économie, y compris les secteurs les plus consommateurs, comme la sidérurgie ou la mobilité lourde », a assuré Elisabeth Borne, lors d'une visite sur le site de recherche d'un des lauréats, l'équipementier automobile Plastic Omnium, près de Compiègne, dans l'Oise.
La France, qui a promis de mobiliser 9 milliards d'euros entre 2020 et 2030 (via France Relance et France 2030 notamment), entend bien devenir « le leader de l'hydrogène décarboné », a-t-elle rappelé, accompagnée pour l'occasion de pas moins de quatre autres ministres : Bruno Le Maire pour l'Economie, Agnès Pannier-Runacher pour la Transition énergétique, Roland Lescure pour l'Industrie et Laurence Boone pour l'Europe.
Un projet sur quatre est français
Ces dix projets font partie des 41 projets centrés sur la mobilité - à savoir l'hydrogène dans les transports - sélectionnés par la Commission européenne cet été dans le cadre d'un PIIEC (projet important d'intérêt commun), qui doit servir de « rampe de lancement pour l'hydrogène décarboné en Europe », a expliqué la Première ministre.
Avec ce feu vert de Bruxelles, l'Etat français va investir 2,1 milliards d'euros dans ces « gigafactories » qui seront implantées dans sept régions, un peu partout sur le territoire, et devraient permettre de créer « près de 5.200 emplois directs ». Elisabeth Borne a fait savoir que ces crédits publics vont accompagner 3,2 milliards d'euros d'investissement des acteurs privés.
Ces nouvelles usines produiront des électrolyseurs, des réservoirs d'hydrogène, de piles à combustible, des véhicules, des trains à hydrogène ou encore des matériaux. Ainsi, à Belfort, McPhy va lancer un programme de développement et de premier déploiement industriel d'électrolyseurs alcalins de nouvelle génération. A Saint-Fons (Rhône), Symbio-Hymotive veut industrialiser une nouvelle génération de piles à combustible plus performante et à coût très réduit. De son côté, Alstom va notamment développer une locomotive de manoeuvre à hydrogène, quand Arkema s'attaque aux matériaux durables de haute performance qui serviront à l'hydrogène pour la mobilité. Et Plastic Omnium va construire à Venette, un site de production de réservoirs à hydrogène, ce qui représente 160 millions d'euros d'investissement entre 2022 et 2028 et 150 emplois.
Baisse des coûts
La route est encore longue jusqu'à l'