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La France va cofinancer la construction de dix usines misant sur l'hydrogène

Une dizaine d'usines implantées dans sept régions sont prêtes à sortir de terre, avec le soutien de l'Etat, qui va y investir 2,1 milliards d'euros. Elles devraient permettre de créer plus de 5.000 emplois directs.

La Première ministre Elisabeth Borne visite l'usine Alphatec de Plastic Omnium dans le cadre de la stratégie hydrogène de la France.
La Première ministre Elisabeth Borne visite l'usine Alphatec de Plastic Omnium dans le cadre de la stratégie hydrogène de la France. (Romuald Meigneux/Sipa)

Par Muryel Jacque

Publié le 28 sept. 2022 à 18:41Mis à jour le 29 sept. 2022 à 07:11

« J'arrive devant vous avec une bonne nouvelle… Ce n'est pas tous les jours. » La Première ministre, Elisabeth Borne, n'a pas boudé son plaisir, mercredi, en annonçant la liste des dix premiers projets retenus par Bruxelles et Paris pour amorcer la création d'une filière hydrogène en France. C'est « l'occasion d'un pas de géant » pour ce gaz, rangé désormais parmi les solutions à même de nous amener à la neutralité carbone, qui fait rêver l'exécutif comme nombre d'industriels.

« Avec l'hydrogène, nous pourrons décarboner massivement notre économie, y compris les secteurs les plus consommateurs, comme la sidérurgie ou la mobilité lourde », a assuré Elisabeth Borne, lors d'une visite sur le site de recherche d'un des lauréats, l'équipementier automobile Plastic Omnium, près de Compiègne, dans l'Oise.

La France, qui a promis de mobiliser 9 milliards d'euros entre 2020 et 2030 (via France Relance et France 2030 notamment), entend bien devenir « le leader de l'hydrogène décarboné », a-t-elle rappelé, accompagnée pour l'occasion de pas moins de quatre autres ministres : Bruno Le Maire pour l'Economie, Agnès Pannier-Runacher pour la Transition énergétique, Roland Lescure pour l'Industrie et Laurence Boone pour l'Europe.

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Un projet sur quatre est français

Ces dix projets font partie des 41 projets centrés sur la mobilité - à savoir l'hydrogène dans les transports - sélectionnés par la Commission européenne cet été dans le cadre d'un PIIEC (projet important d'intérêt commun), qui doit servir de « rampe de lancement pour l'hydrogène décarboné en Europe », a expliqué la Première ministre.

Avec ce feu vert de Bruxelles, l'Etat français va investir 2,1 milliards d'euros dans ces « gigafactories » qui seront implantées dans sept régions, un peu partout sur le territoire, et devraient permettre de créer « près de 5.200 emplois directs ». Elisabeth Borne a fait savoir que ces crédits publics vont accompagner 3,2 milliards d'euros d'investissement des acteurs privés.

Ces nouvelles usines produiront des électrolyseurs, des réservoirs d'hydrogène, de piles à combustible, des véhicules, des trains à hydrogène ou encore des matériaux. Ainsi, à Belfort, McPhy va lancer un programme de développement et de premier déploiement industriel d'électrolyseurs alcalins de nouvelle génération. A Saint-Fons (Rhône), Symbio-Hymotive veut industrialiser une nouvelle génération de piles à combustible plus performante et à coût très réduit. De son côté, Alstom va notamment développer une locomotive de manoeuvre à hydrogène, quand Arkema s'attaque aux matériaux durables de haute performance qui serviront à l'hydrogène pour la mobilité. Et Plastic Omnium va construire à Venette, un site de production de réservoirs à hydrogène, ce qui représente 160 millions d'euros d'investissement entre 2022 et 2028 et 150 emplois.

Baisse des coûts

La route est encore longue jusqu'à l'émergence d'un hydrogène décarboné : aujourd'hui, il reste produit à plus de 90 % à partir d'énergies fossiles. « Une des conditions du déploiement de l'hydrogène décarboné est la compétitivité de son coût, sans le maintien d'aides publiques, tant dans ses usages directs qu'indirects », souligne dans une note publiée ce mois-ci la fondation La Fabrique écologique. Mais, « le contexte actuel lui est plutôt favorable en raison du renchérissement des énergies fossiles, du prix élevé du CO2 et de la volonté de certains Etats d'arriver à une décarbonation complète », estiment ses experts.

« Dès que la France aura engagé la baisse des coûts et qu'une offre française sera disponible, nous pourrons passer à une nouvelle étape de notre stratégie : le déploiement massif de l'hydrogène dans tous les secteurs sur tout le territoire », espère Elisabeth Borne. Dans la foulée, la locataire de Matignon a insisté sur le partenariat entre l'Etat, le secteur privé et les collectivités.

Ces investissements détaillés ce mercredi ne sont « qu'un début ». Trois autres vagues de projets européens sont attendues. La prochaine a été autorisée la semaine dernière par la Commission européenne. Elisabeth Borne a fait savoir qu'elle comprend des projets français supplémentaires. « Il s'agira cette fois d'avancer sur la production et les usages de l'hydrogène décarboné », a-t-elle précisé. Des annonces pourraient être faites dans les prochains mois. Pour les deux dernières vagues, une dizaine de dossiers restent en lice, centrés sur les infrastructures de production et de la mobilité hydrogène.

VIDEO. L'hydrogène, une révolution pour l'énergie ?

Muryel Jacque

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