Ce n’est pas une surprise: le bilan est mauvais. L’entrée dans l’enseignement supérieur est un point de rupture à la pratique sportive chez les jeunes. Et encore plus à partir de la troisième année d’études. Et la crise sanitaire n’a rien arrangé: sédentarité, cours à distance et augmentation du temps passé devant les écrans. «Cette baisse de l’activité physique représente pour les étudiants un facteur de risque important pour leur santé mentale, physique et sociale», alerte Timothée Brun, président de l’Anestaps, l’association nationale des étudiants en Staps.

Face à ce constat, l’Anestaps et l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps) publient ce jeudi 15 septembre 2022, avec le soutien du ministère des Sports, une enquête sur la pratique d’activités physiques et sportives à l’université. Environ 19.000 étudiants ont répondu, aussi bien des Staps (21%) que des étudiants en santé, lettres, économie ou en art. Plus d’un tiers est en première année et six répondants sur dix sont des femmes. À deux ans des Jeux olympiques de Paris, l’enquête propose des mesures concrètes.

Réaménager les campus pour que les étudiants bougent plus

Aujourd’hui, 42% des étudiants pratiquent une activité physique ou sportive au moins 5 fois par semaine. Seul un étudiant sur 5 (hors Staps) fait du sport dans le cadre d’une pratique universitaire. Ainsi, les étudiants pratiquent majoritairement du sport en dehors de l’université.

«Le développement des infrastructures en accès libre constitue un réel enjeu dans la démocratisation du sport», estime le rapport, qui insiste sur la nécessité d’élargir les horaires d’accès aux infrastructures et de développer des équipements en accès libre sur les campus. Autre frein: le manque de communication sur les offres universitaires, selon un étudiant sur trois.

L’enjeu est d’intégrer le sport au quotidien des étudiants. Environ 70% se déplacent avec un moyen de transport motorisé, c’est-à-dire hors vélo ou à pied. Parmi eux, 80% affirment que l’accès au campus n’est ni facile, ni sécurisé. Il est donc «impératif», selon le rapport, de promouvoir et faciliter l’utilisation des «mobilités actives», en travaillant notamment sur l’accessibilité à pied ou à vélo. Une autre piste évoquée est de mettre en place des dispositifs avec les collectivités territoriales pour faire bénéficier les étudiants d’offres tarifaires. De manière générale, «il est nécessaire de repenser l’aménagement des campus pour inciter les étudiants à bouger plus». À dessein, le rapport préconise de développer des lieux pour orienter les étudiants souhaitant pratiquer ou reprendre une activité physique.

Un étudiant passe huit heures par jour devant son écran

Car plus de 50% des étudiants observent une augmentation de leur temps passé sur les écrans. Pour 34%, la pratique d’activité physique diminue. Selon l’enquête, les étudiants sont en moyenne 8 heures par jour devant leur écran à l’université. Terrible, quand on sait que rester assis 7 heures par jour en moyenne augmente le risque de développer une maladie cardiovasculaire de manière significative. Pour contrer cette menace, le rapport préconise d’intégrer des «pauses actives» pour les cours dépassant 1h30.

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Et, plus globalement, d’adapter les formations. Car quand les étudiants en Staps font en moyenne 15 heures d’activités physiques par semaine, les autres sont à la traîne. Pour 60% des étudiants, le manque de temps est en partie responsable du phénomène. Les étudiants en santé sont particulièrement concernés: trois sur dix voient leur filière comme «un frein» à la pratique du sport. Les auteurs de l’enquête recommandent alors d’instaurer une demi-journée dédiée l’agenda des étudiants.

Renforcer les liens entre les universités et les territoires

Au-delà, «il est important de promouvoir la pratique du sport et de sensibiliser à ses bienfaits», souligne l’enquête. Cette dernière recommande de mettre cette promotion «au cœur» des politiques des universités. Et ainsi rendre attractive la pratique sportive.

Pour ça, l’enquête préconise de mettre en place de lieux ad hoc sur le modèle des «Friperies Sport Planète», qui proposent du matériel sportif à bas prix. Ou de créer des évènements pour créer du lien autour du sport. Une autre piste est de désigner un référent activité physique et santé au sein des universités pour accentuer les liens entre les collectivités territoriales, les mouvements sportifs et les étudiants. Enfin, l’accent est mis sur l’accompagnement des étudiants en situation de handicap, dont 20% estiment que les offres des universités ne sont pas adaptées à leurs attentes.