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Cash : la Banque de France a de plus en plus recours à des prestataires privés

La fermeture d'une dizaine de caisses régionales de la Banque de France s'est accompagnée de l'octroi d'une nouvelle mission aux transporteurs de fonds : le stockage de billets. Une nouveauté qui illustre la montée en puissance du secteur privé dans la gestion des espèces, jusqu'ici principalement assurée par la Banque de France.

Les syndicats dénoncent une externalisation des missions régaliennes de la Banque de France.
Les syndicats dénoncent une externalisation des missions régaliennes de la Banque de France. (STEPHANE DE SAKUTIN/AFP)

Par Gabriel Nédélec

Publié le 4 oct. 2022 à 15:15Mis à jour le 8 nov. 2022 à 17:49

A la caisse de Brest, les huit agents de la Banque de France ne brassent plus de billets. Cette caisse qui sert de relais local à l'institution pour son activité de stockage et de tri de billets doit fermer le 10 octobre. « Le dernier convoi de transporteurs de fonds est passé il y a quelques jours, les billets sont partis », témoigne Xavier Cloastre, le secrétaire du comité social et économique (CSE) de la caisse de Brest.

Cette dernière fait partie des 13 caisses que la Banque de France a prévu de fermer entre 2021 et 2022. Une étape importante dans le vaste chantier de transformation entamé par l'institution il y a une quinzaine d'années, qui doit diviser par plus de deux le nombre de caisses locales pour atteindre une trentaine sur l'ensemble du territoire. L'objectif : s'adapter aux nouveaux usages des espèces, et notamment au recul de leur utilisation dans les transactions.

Cette rationalisation cache cependant un changement plus profond. Alors que jusqu'à présent, la gestion des espèces était essentiellement une affaire publique, la Banque de France s'appuie de plus en plus sur le secteur privé à mesure qu'elle ferme ses caisses. Et plus particulièrement sur les transporteurs de fonds comme Brink's et Loomis, qui se voient confier des missions quasi systémiques.

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Stockage privé

Ainsi, pour accompagner la vague 2022 de fermetures de caisses régionales, ces entreprises se sont vues confier pour la première fois « des capacités de stockage », a indiqué mardi Erick Lacourrège, le directeur de la filière fiduciaire de la Banque de France, lors d'une conférence de presse annonçant la création d'un nouveau comité national en charge des moyens de paiement (CNMP). Concrètement, Brink's et Loomis ont obtenu l'autorisation de gérer des stocks auxiliaires de billets (SAB) et des dépôts auxiliaires de monnaie (DAM).

« Nous avons commencé un peu avant l'été, raconte Michel Tresch, le président France de Loomis. Aujourd'hui, cinq de nos centres forts sont concernés. D'ici à la fin de l'année, nous devrions atteindre le nombre de dix. » Concrètement, les activités de tri et de stockage de la caisse de Brest vont être réparties entre le centre fort de Loomis situé à Lorient (Morbihan), et celui de Brink's situé à Daoulas (Finistère), sous la supervision la caisse de la Banque de France à Rennes.

Dépendance

Les syndicats dénoncent une externalisation des missions régaliennes de la Banque de France à l'heure où les paiements sont de plus en plus perçus comme un élément de souveraineté. « Il va falloir se poser la question de notre dépendance vis-à-vis de ces entreprises dont le but final reste les profits économiques et non pas le maintien de l'accès au cash », juge Benoit Chauvet, secrétaire général du syndicat national autonome.

Initialement, les transporteurs étaient uniquement en charge du transport des billets entre les différents acteurs de la chaîne des espèces - caisses de banque centrale, banques commerciales, certains supermarchés. En 2006, ils ont obtenu une première extension de leur rôle auprès de la Banque de France, qui leur a accordé la capacité de recyclage des billets (la récupération des billets usagés, leur tri, puis leur remise en circulation). Par ailleurs, ils fournissent de plus en plus de services de distributeurs de billets aux communes délaissées par les agences bancaires.

Baisse de l'activité

Depuis le début de son plan de transformation, la Banque de France assure que les suppressions de caisses sont justifiées par la diminution de leur activité. « Avec la baisse des usages transactionnels du cash, les billets ne remontent plus », souligne une source proche de l'institution. Mais l'argument passe mal auprès des syndicats : « Si c'est le cas, pourquoi faut-il alors s'appuyer sur les services du privé ? » se demande un de leurs représentants.

« Il n'y a pas de modèle unique, défend une source proche de la Banque de France. Aux Pays-Bas, par exemple, 80 % de la gestion du cash repose sur les acteurs privés. Nous sommes plus proches des 40 % en France. » Mécaniquement, la part d'activités aux mains des transporteurs est en train d'augmenter. «  Notre convention avec la Banque de France sur le recyclage était peu utilisée au début, reconnaît Michel Tresch, chez Loomis. Ce qui a encouragé cette activité, ce sont les fermetures de caisses décidées par la Banque de France. »

Gabriel Nedelec

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