Des dispositifs d'accompagnement à l'université de Bordeaux pour les étudiants aidants
L'établissement a créé un groupe de travail dans le but de proposer des aménagements et des dispositifs d'accompagnement à ses élèves en situation d'aidance. L'université souhaite également mettre en place un UE pour valider les compétences acquises par ces étudiants
Par Mathilde Riaud
Tout est parti d'une enquête menée entre janvier et avril 2022 par les étudiants inscrits en licence professionnelle TCAPSA (Technicien coordinateur de l'aide psychosociale à l'aidant) à l'université de Bordeaux. Un cursus unique en France qui forme des professionnels à l'accompagnement des aidants .
« Nous avons interrogé 322 étudiants sur leurs représentations des aidants », raconte Valérie Bergua, enseignante-chercheuse en psychogérontologie, qui coordonne la formation depuis plus de dix ans. « En complément, nous avons mené des entretiens qualitatifs avec des étudiants qui accompagnent un proche, dont huit de manière approfondie. »
Diversité de profils
Bilan ? « Il y a une vraie diversité de profils et de besoins », constate la chercheuse. Les besoins les plus fréquemment exprimés ? Soutien, reconnaissance , information. Pour y répondre, l'université de Bordeaux organise chaque année une journée de l'aide psychosociale de l'aidant, ouverte aux étudiants, aux familles et aux professionnels.
« En parallèle, nous travaillons actuellement à l'élaboration d'un guide d'information très concret qui répertorie l'ensemble des aides existantes à l'université et en dehors », explique-t-elle. « L'objectif est de sortir le guide d'ici à septembre 2023, puis de dupliquer le concept dans d'autres universités. Nous avons également créé un groupe de travail pour réfléchir à des actions de soutien à court et moyen terme. »
Nous pourrions, par exemple, leur offrir la possibilité de passer leur diplôme en plusieurs années ou de décaler une session d'examen.
Bernard Muller, vice-président de l'université de Bordeaux, chargé de la vie étudiante et de campus
Depuis la publication d'une circulaire en mars 2022, les établissements d'enseignement supérieur ont le droit de « déterminer les conditions de scolarité et d'assiduité des formations dans un cadre défini par un arrêté ministériel, qui prévoit notamment la possibilité d'aménagement pour les étudiants chargés de famille ou considérés comme aidants familiaux , les étudiants engagés dans plusieurs cursus et les étudiants bénéficiant du statut d'artiste ou de sportif de haut niveau ».
Valoriser les acquis d'aidant
De quoi permettre aux écoles et universités de proposer aux étudiants aidants des aménagements de rythme d'études. « Nous pourrions, par exemple, leur offrir la possibilité de passer leur diplôme en plusieurs années ou de décaler une session d'examen comme cela se pratique déjà pour d'autres étudiants aux besoins particuliers comme les sportifs de haut niveau », lance Bernard Muller, vice-président de l'université de Bordeaux, chargé de la vie étudiante et vie de campus.
Au-delà de ces aménagements, l'université réfléchit à d'autres pistes. « Les jeunes aidants peuvent avoir besoin de temps de loisirs pour sortir du monde du handicap ou de la maladie ou être confrontés eux-mêmes à des soucis de santé », souligne le vice-président. « A nous de leur proposer des solutions. »
Autre enjeu : valoriser leur expérience d'aidant dans leur parcours. Cela pourrait passer notamment par la validation d'une unité d'enseignement (UE) à partir des compétences acquises dans le cadre de leur statut d'aidant. Reste à lever les tabous pour que les jeunes aidants osent se déclarer.
Mathilde Riaud