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Saïd Ben Saïd, producteur de cinéma : « Il y a trop de films et beaucoup se ressemblent »

CNC, Netflix, soutien public… Dans un entretien au « Monde », le producteur Saïd Ben Saïd dresse un constat amer sur le financement du cinéma français, à la veille d’une journée d’action de la profession.

Propos recueillis par 

Publié le 05 octobre 2022 à 15h55, modifié le 05 octobre 2022 à 16h57

Temps de Lecture 4 min.

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Saïd Ben Saïd lors de la cérémonie de clôture de la 72e Berlinale, le 16 février 2022, à Berlin (Allemagne).

Face à la crise inquiétante que connaît la fréquentation des salles de cinéma, quelque trois cents professionnels indépendants du secteur – tous métiers confondus – avaient signé, le 17 mai 2022, une tribune dans Le Monde mettant expressément en cause les choix politiques du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Ce texte, qui s’inquiétait d’une inflexion idéologique de l’institution, en appelait à la tenue d’Etats généraux du cinéma français. Une journée de rassemblement de la profession est prévue, le 6 octobre, à l’Institut du monde arabe, à Paris, pour pousser les pouvoirs publics à leur organisation concrète. Rencontre avec le producteur Saïd Ben Saïd (André Téchiné, Paul Verhœven, Nadav Lapid, David Cronenberg…), l’un des fers de lance de ce mouvement, pour en mieux cerner les enjeux.

Le rapport sur le financement du cinéma français remis en 2018 par celui qui était alors le nouveau directeur du CNC, Dominique Boutonnat, a immédiatement inquiété une partie de la profession. Que lui reprochez-vous ?

C’est un rapport qui ne prend pas en compte la singularité des films en faisant comme s’ils étaient tous pareils et qui préconise, au nom d’une conception purement comptable de la culture, la destruction de l’action publique en matière de cinéma.

Qu’est-ce qui a, depuis lors, changé dans la politique du CNC ?

Rappelons d’abord que le CNC ne distribue pas de subventions aux professionnels du cinéma mais réinjecte l’argent provenant de l’exploitation des films dans le cinéma français sous forme de soutiens automatique et sélectif. Ce soutien automatique est proportionnel au succès commercial du film, alors que le soutien sélectif est attribué à des films ayant une dimension artistique mais ne répondant pas forcément aux critères du marché. C’est ce principe de péréquation, qui a fait ses preuves depuis des décennies et que nous envie le monde entier, qui est progressivement remis en cause par des objectifs de résultats, de rentabilité et de performance.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Les choix politiques de nos institutions fragilisent gravement le cinéma »

La marginalisation du cinéma au profit de l’audiovisuel dans la politique d’aide du CNC est un élément important de votre argumentaire.

Dominique Boutonnat aimerait fusionner les dispositifs d’accompagnement et de soutien du cinéma avec ceux de l’audiovisuel, en partant du constat que les séries ont progressivement rempli le vide laissé par une partie du cinéma. L’observation n’est pas totalement fausse, mais on ne peut plus partielle et partiale. Le cinéma est devenu, avec la disparition des studios, qui ne produisent plus que des franchises, un artisanat produisant des prototypes : les films de Kelly Reichardt et Bennett Miller en Amérique, ceux de Hong Sang-soo, Lee Chang-dong ou Hamaguchi en Asie, Abdellatif Kechiche, Julia Ducournau ou Alice Diop en France… La production de séries est une industrie. C’est le règne de la quantité. Ce sont deux approches économiques et artistiques radicalement différentes.

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