Dans ce rapport (1) publié en mars dernier et dont il est prévu une déclinaison régionale, une évidence : l’informatique est et va être pourvoyeuse d’emplois. De plus en plus.
Mais la plus grande partie des postes à pourvoir sont des postes laissés vacants par les seniors qui quittent le marché du travail en fin de carrière. Ainsi, il y aurait au cours des dix prochaines années plus de postes d’enseignants à pourvoir que de postes d’ingénieurs en informatique : si c’est un des métiers dont les effectifs augmenteraient le plus, il y aurait peu de départs à la retraite au cours de la période 2019-2030.
Pour mémoire, selon le baromètre RH « La Gazette »- Randstadt de 2022, les filières techniques (66 %) et administrative (60%) devraient voir dans les prochains mois une augmentation de leurs effectifs, suivies par la filière animation. Une autre enquête, le baromètre HoRHizons 2022, évoque lui aussi des perspectives de recrutement essentiellement dans les services techniques, mais aussi les fonctions support et les domaines de l’enfance, éducation jeunesse.
Santé : 400 000 emplois de plus
Avec une croissance de 13 % entre 2019 et 2030, le secteur de la santé est en première ligne. Aux côtés de celui de l’éducation, de l’action sociale et des services à la personne (activités des ménages en tant qu’employeurs), ce sont 450 000 emplois qui devraient être créés d’ici 2030 (plus de 400 000 pour la santé et le médico-social). Ils s’ajouteront aux 6 millions de postes aujourd’hui occupés dans ces activités.
Le rapport précise que ces secteurs seront, comme ces dix dernières années, confrontés à une tension entre, d’une part, la politique de maîtrise des dépenses publiques et, d’autre part, la montée en puissance de besoins structurels. L’enseignement devrait se stabiliser tandis que les services généraux de l’administration perdraient 70 000 emplois dans la décennie à venir.
Déséquilibres potentiels
« Si pour chaque métier, on confronte les besoins de recrutement des employeurs en 2030 avec le vivier potentiel de jeunes qui y débuteraient, on peut mettre en évidence des déséquilibres » offre/demande, explique le rapport. Les experts ont réparti les métiers en quatre catégories :
- « Les métiers attractifs »: nouveaux, ils attirent les jeunes diplômés (peu de départs en retraite en vue)
- « Les métiers de première expérience » , considérés comme des tremplins, occupés peu de temps ;
- « Les métiers de seconde partie de carrière » qui cumuleraient départs en fin de carrière nombreux et faible arrivée de débutants ;
- « Les métiers qui ont du mal à attirer » pour lesquels l’arrivée de jeunes entrants ne compenserait pas les départs en fin de carrière d’où des difficultés de recrutement quasi certaines. Les secrétaires de mairie trouvent leur place, par exemple, dans cette catégorie.
Lors du congrès de la FNCDG, France Stratégies avait davantage détaillé ces résultats pour la FPT :
Agents d’entretien, aides à domicile, assistantes maternelles et professions intermédiaires administratives font partie des métiers de la FPT qui devraient connaitre les plus forts déséquilibres.
Numérique et impacts dans la FPT
Comme une évidence, les métiers du numérique vont recruter dans le public comme dans le privé (600 000 emplois créés) à l’aune de 2030 : besoins en terme de dématérialisation, de cybersécurité, robotisation des tâches, gestion des données (data) des collectivités… Les ingénieurs ne manqueront pas de travail, et les collectivités risquent encore de peiner à les recruter face à la forte concurrence du privé.
Une étude du CNFPT publiée fin 2021 prévoyait en effet que les 241 métiers de la FPT allaient être impactés par la transition numérique, avec, à la clé, des activités « émergentes » :
• les activités assistées par le numérique (pilotage, gestion, intervention…) ;
• l’analyse de données ;
• l’assistance mutualisée au sein de plateformes de services ;
• la prévision en lien à l’usage de logiciels prédictifs et de systèmes d’information décisionnels ;
• les télé-activités (accueil, téléconsultation médicale, activités d’enseignement et d’animation à distance, télécontrôle…) ;
• la relation multicanale avec les usagers ;
• le « design de service » découlant de la nécessité, sous l’effet de la transition numérique, de mettre au point de nouveaux services et interfaces utilisateurs.
Les métiers de la FPT en 2022
Selon le 11e panorama de l’emploi territorial, de la FNCDG et de l’ANDCDG, les métiers qui recrutent en 2022 sont, dans l’ordre :
- Chargé de la propreté des locaux
- Animateur enfance-jeunesse
- Agent d’accompagnement à l’éducation de l’enfant
- Enseignant artistique
- Animateur éducatif accompagnement périscolaire
- Assistant de gestion administrative
- Agent de restauration
- Assistant éducatif petite enfance
Notons que le métier d’agent d’entretien se maintient en tête, alors que celui d’Assistant de gestion administrative poursuit sa descente dans le classement. Les métiers qualifiés « en tension » en 2020 étaient ceux de secrétaire de mairie, animateur jeunesse, assistant de gestion administrative, agent d’entretien, enseignant artistique, agent de service polyvalent en milieu rural, policier municipal, DGS.
Thèmes abordés
Notes
Note 01 Il s’agit là du quatrième exercice de prospective réalisé par France Stratégie et la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail. L’étude a été faite grâce à un comité d’orientation du groupe Prospective des métiers et qualifications (PMQ), qui rassemble des partenaires sociaux, des administrations, des opérateurs de l’État, des représentants des collectivités locales, des experts de l’emploi et de la formation Retour au texte