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Plus d'un tiers des collèges et lycées n'ont pas encore tous leurs professeurs

Un mois après la rentrée, 35 % des établissements affirment avoir encore au moins un poste d'enseignant vacant, selon le principal syndicat de chefs d'établissement, le SNPDEN. Alors que les inquiétudes planent sur le manque de remplaçants, le gouvernement envisage des « cours en ligne », sous la surveillance d'un assistant d'éducation.

« Dans l'enseignement primaire, 200 à 300 postes manquent aujourd'hui à l'échelle du pays », selon le ministre de l'Education, Pap Ndiaye.
« Dans l'enseignement primaire, 200 à 300 postes manquent aujourd'hui à l'échelle du pays », selon le ministre de l'Education, Pap Ndiaye. (Lydie LECARPENTIER/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 8 oct. 2022 à 10:55Mis à jour le 9 oct. 2022 à 15:43

La rentrée « s'est bien passée », répète le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye. Mais dans les établissements et chez les parents d'élèves, les témoignages sont nombreux d'enseignants qui manquent à l'appel, dans un contexte inédit de pénurie . Qu'en est-il exactement ?

Selon une enquête du principal syndicat de chefs d'établissement, le SNPDEN, dont « Les Echos » ont pris connaissance, les 1.300 réponses donnent un état des lieux assez fiable sur les 7.000 collèges et 3.200 lycées de l'Hexagone. Un mois après la rentrée, 35 % des établissements affirment avoir au moins un poste d'enseignant vacant ; 32 % - ce ne sont pas forcément les mêmes - indiquent avoir au moins une absence longue non remplacée ; 35 % ont au moins un poste de personnel non enseignant qui n'a pas été pourvu.

« Un écart de points de vue »

« C'est quand même dingue ! s'exclame Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN. On nous raconte que la rentrée s'est bien passée alors que, de toute évidence, il y a un écart de points de vue. »

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En visite, la semaine dernière, en Eure-et-Loir, Pap Ndiaye a expliqué qu'il manquait « moins des postes en tant que tels que des bouts d'heure par-ci par-là, et c'est cela que nous devons combler ». « Le ministre peut réfléchir en équivalents temps plein, réagit Bruno Bobkiewicz, mais l'élève, lui, s'en fiche, s'il n'a pas de professeur de technologie, ça veut dire qu'il n'a pas de cours de technologie. »

Comment va se dérouler le reste de l'année dans ce contexte ? La situation inquiète d'autant plus que, pour tenir l'objectif d'avoir « un professeur devant chaque élève » à la rentrée , le ministère a puisé dans les viviers de remplaçants.

Ces professeurs remplaçants sont « un enjeu majeur pour les élèves comme pour les familles », rappellent les documents budgétaires attachés au projet de loi de Finances. Ils citent aussi l'engagement du Grenelle de l'éducation , selon lequel, en cas d'absence d'un professeur, les écoles et les établissements « devront assurer la permanence pédagogique sur l'ensemble du temps scolaire prévu pour les élèves ».

Des « cours en ligne » supervisés par des assistants

Le gouvernement a même fixé « des indicateurs d'efficacité et d'efficience du remplacement des personnels enseignants du point de vue du contribuable », apprend-on à la lecture des documents budgétaires.

Dans le second degré public, le taux de remplacement doit ainsi passer de 94,7 % (2021) à 99 % (2023). Pour y parvenir, « le recours à des dispositifs de type 'cours en ligne' ou au travail en autonomie, anticipé, et encadré sous la surveillance d'un assistant d'éducation (AED) » est évoqué.

Un décret publié en fin d'année dernière permet d'attribuer des heures supplémentaires à ceux qu'on appelait autrefois les « pions ». « En théorie, cela existe, indique Sophie Vénétitay, du SNES-FSU, mais très peu d'établissements l'ont mis en place car on manque d'AED, et c'est donc assez peu probant. »

Garderie déconnectée

« Cela signifie qu'on intègre l'idée qu'on n'enverra pas de remplaçants lorsqu'on en aura besoin, s'étrangle Bruno Bobkiewicz. Sauf que cela suppose d'avoir un surveillant disponible par classe qui n'a pas cours. Or, dans la vraie vie, cela ne se passe pas comme ça. Cette proposition, qui peut séduire des parents d'élèves, ressemble à de la garderie et serait déconnectée du vrai fonctionnement des établissements. »

En mai dernier, l'académie de Nancy-Metz avait lancé des « visioprofesseurs » pour pallier le manque d'enseignants remplaçants. A l'époque, le ministère assurait que cela n'avait pas vocation à être généralisé.

Le gouvernement mise aussi sur « l'optimisation des organisations actuelles de remplacement en s'appuyant sur les espaces numériques de travail ». Bruno Bobkiewicz y voit l'application du « pacte , consistant à demander aux enseignants d'effectuer un volant d'heures dans l'établissement pour remplacer des collègues absents ».

Un manque de 200 à 300 professeurs des écoles

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Quant au premier degré, Pap Ndiaye évoquait la semaine dernière « 200 à 300 postes » manquants, et jugeait le nombre « très faible ». A l'approche de l'hiver, la question des remplacements est dans toutes les têtes. « La situation commence à être tendue dans certains départements » comme l'Oise ou l'Orne, selon le SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire.

Pour le premier degré, les documents budgétaires évoquent pourtant un taux de remplacement de 90 % pour 2023, soit 12 points de plus par rapport à 2021 (78,4 %). Pour y parvenir, le gouvernement entend élargir à tous les départements une solution numérique « visant à améliorer l'efficience des remplacements ». La procédure d'achat est en cours.

« On ne pourra pas tout régler avec un logiciel, réagit Guislaine David, porte-parole du SNUipp-FSU. Le logiciel enverra un SMS pour dire à telle personne de se rendre à tel endroit, mais s'il n'y a pas de remplaçant disponible, le logiciel ne servira à rien. »

Marie-Christine Corbier

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