Ceux qui mettent les formes estiment que ce n’est « pas un succès », d’autres n’hésitent pas à parler de « flop absolu ». Le nouvel enseignement facultatif de mathématiques en classe de 1re, censé permettre de réintroduire cette discipline dans le tronc commun des élèves ne l’ayant pas prise en spécialité, n’a été choisi que par une petite minorité d’élèves. Si le ministère de l’éducation nationale attend toujours des chiffres définitifs, il estime que « moins de 10 % » des lycéens éligibles suivent cet enseignement cette année.
« Ce n’est pas un retour des mathématiques en 1re », constate Claire Piolti-Lamorthe, présidente de l’Association des professeurs de mathématiques (APMEP). Ni la Rue de Grenelle ni la communauté éducative ne s’en disent étonnées au regard des conditions dans lesquelles l’« option maths » a été mise en œuvre. Les programmes ont été établis en un temps record, des moyens ont été débloqués pour financer les heures de cours, mais « l’annonce a été trop tardive et n’a pas permis aux personnels de direction et aux familles d’avoir les informations en temps et en heure », déplore Audrey Chanonat, secrétaire nationale commission éducation et pédagogie du SNPDEN-UNSA, premier syndicat de chefs d’établissements.
Enseignants et personnels de direction sont en effet restés plusieurs mois dans le flou après l’annonce, au mois de mars, de l’ajout d’une heure et demie de mathématiques dans les enseignements de tronc commun des élèves de 1re. La déclaration faisait suite à des mois de polémique sur les écueils de la réforme du lycée sur l’enseignement des mathématiques.
Solution minimum
Depuis sa mise en œuvre en 2019, la matière a disparu des enseignements de tronc commun des élèves à partir de la 1re et les lycéens ne suivent des cours de maths que s’ils choisissent cette discipline en tant que spécialité, parmi douze autres possibilités. Les conséquences sont connues, à commencer par le fait qu’un élève sur trois décide d’arrêter les maths dès la fin de la classe de 2de générale et que le nombre d’élèves n’étudiant plus les maths à partir de la 1re a triplé. Le choix de la spécialité révèle en outre des inégalités sociales et de genre : elle est majoritairement suivie par des garçons (58 %) et les élèves d’origine sociale favorisée y sont surreprésentés (46 %).
En pleine campagne présidentielle, le gouvernement a cependant tardé à officialiser la décision. Pris ensuite en étau entre un vif débat politique sur le sujet un calendrier trop serré pour permettre leur réintroduction obligatoire pour tous dès 2022, Emmanuel Macron a finalement opté début juin pour une solution minimum : un enseignement facultatif d’une heure et demie par semaine pour les élèves n’ayant pas pris la spécialité.
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