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L'assurance-maladie veut remettre de l'ordre chez les kinés

Les syndicats de masseurs-kinésithérapeutes sont vent debout contre les propositions faites par l'assurance-maladie pour mieux répartir ces professionnels de santé sur le territoire. Les revalorisations mises sur la table sont aussi jugées trop faibles.

Le nombre de masseurs-kinésithérapeutes libéraux a augmenté en moyenne de plus de 3 % depuis 2011 pour atteindre près de 73.500 en 2021, selon l'Assurance Maladie.
Le nombre de masseurs-kinésithérapeutes libéraux a augmenté en moyenne de plus de 3 % depuis 2011 pour atteindre près de 73.500 en 2021, selon l'Assurance Maladie. (Denis/REA)

Par Solenn Poullennec

Publié le 11 oct. 2022 à 16:24Mis à jour le 12 oct. 2022 à 18:17

Bras de fer entre les kinésithérapeutes et la Sécurité sociale. A l'heure où les déserts médicaux inquiètent , les syndicats de kinés libéraux s'insurgent contre la volonté de l'assurance-maladie de durcir leurs règles d'installation pour améliorer leur répartition sur le territoire et renforcer leur présence dans les établissements de santé.

L'encadrement proposé « est irrecevable au moment où toutes les prévisions annoncent un accroissement du besoin en soins kinésithérapiques pour accompagner le tsunami des maladies chroniques et du vieillissement de la population », tempête le syndicat historique, FFMKR.

Revalorisations

« Les discussions ne sont pas terminées », temporise-t-on à la Caisse nationale de l'assurance-maladie (CNAM).

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Cela fait près de dix mois que les professionnels ont commencé des négociations avec celle-ci pour obtenir une augmentation de leur rémunération, via une revalorisation des tarifs des différents actes remboursés par la Sécurité sociale. Les kinés se montrent aujourd'hui pressés de conclure à l'heure où l'inflation pèse sur leurs finances .

La question de l'enveloppe financière mise sur la table par l'Assurance Maladie est d'autant plus délicate que les kinés libéraux sont de plus en plus nombreux. Le nombre de ces professionnels dont beaucoup se forment à l'étranger, a augmenté de plus de 3 % par an en moyenne depuis 2011, selon l'assurance-maladie, pour atteindre quelque 73.500 (hors remplaçants).

Des revenus qui « décrochent »

Résultat : la facture de la kinésithérapie pour la Sécurité sociale augmente quand les honoraires par kinésithérapeute ont tendance à plafonner. Le syndicat Alizé, qui parle d'une « situation dramatique de la profession », assure même que la « kinésithérapie est la seule profession de santé libérale dont les revenus moyens ont décroché par rapport à l'inflation ».

Aux yeux de l'assurance-maladie, les kinés ne sont par ailleurs pas idéalement répartis sur le territoire. Nombreux dans le sud-est et une grande partie du sud-ouest de la France, ils sont moins présents dans le centre et une bonne partie du nord de l'Hexagone. Ils ne sont pas non plus assez présents dans les hôpitaux ou les Ehpad.

D'où la volonté de durcir les règles d'installation en vigueur depuis 2018. Déjà, dans les zones dites « sur dotées » en kinésithérapeutes, il n'est pas possible à un professionnel d'être conventionné en libéral s'il ne remplace pas un confrère qui a quitté le secteur.

Une arrivée pour deux départs

La CNAM veut aller plus loin en remplaçant ce principe « du un pour un » par une règle d'« une arrivée pour deux départs ». Pour les kinés qui veulent « poser leur plaque » pour la première fois, l'assurance-maladie voudrait même les contraindre à passer d'abord trois ans en « zones sous-denses » ou en établissement de santé ou médico-social.

Le syndicat FFMKR serait favorable à une réduction du nombre de kinés conventionnés même s'il répugne à parler de numerus clausus. Mais la régulation proposée par l'assurance-maladie va trop loin, selon lui, et risque de pénaliser les jeunes, sachant qu'ils ne s'y retrouveraient pas aussi bien financièrement en établissements de santé qu'en libéral.

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En parallèle, l'assurance-maladie promet des moyens. « Nous avons mis sur la table une enveloppe qui n'a rien à voir avec la négociation d'il y a cinq ans, car elle est bien plus élevée », y explique-t-on. Elle a aussi promis la création de nouveaux actes, notamment pour favoriser la prise en charge des handicapés.

Pas de quoi faire passer la pilule auprès des intéressés. « Le durcissement de la régulation démographique s'intensifie sans véritable compensation financière nouvelle », estime le syndicat SNMKR. ​« Les revalorisations proposées sont extrêmement faibles, équivalentes à une hausse des honoraires d'un peu moins de 4 % », dénonce Sébastien Guérard, président du FFMKR. L'organisation en « appelle au gouvernement » pour sortir la négociation « de l'impasse ».

Solenn Poullennec

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