Analyse. Emmanuel Macron parviendra-t-il à redresser la voie professionnelle ? Jean-Michel Blanquer, prédécesseur du ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, avait déjà tenté de s’attaquer aux difficultés de cette filière, qui accueillait plus de 600 000 jeunes à la rentrée 2021 (500 000 en baccalauréat professionnel et 100 000 en CAP). Les lycées professionnels se portent mal. Deux ans après l’obtention de leur diplôme, seuls 41 % des titulaires d’un CAP et 51 % des bacheliers professionnels ont un emploi. Un « gâchis collectif », a affirmé Emmanuel Macron, en s’adressant aux recteurs d’académie, le 25 août, à la Sorbonne.
Le président de la République propose d’augmenter la durée des stages des lycéens professionnels de 50 % en trois ans. Sans détailler une réforme qu’il présente comme « progressive », M. Macron a également laissé entendre, le 13 septembre, en visitant un lycée aux Sables-d’Olonne (Vendée), que cet allongement de la durée des stages pourrait s’accompagner de leur étalement sur l’année, de sorte que tous les élèves ne se trouvent pas en entreprise au même moment et soient moins nombreux dans les classes, afin de permettre d’individualiser leur accompagnement.
Cette approche inquiète les enseignants, qui rappellent que le lycée professionnel accueille une part d’élèves en grande difficulté sociale et scolaire plus grande que dans les autres filières. Certains maîtrisent peu la langue, d’autres sont en situation de handicap, et les enseignants assurent avoir déjà du mal à leur trouver des stages dans les durées prévues : entre dix-huit et vingt-deux semaines, selon les filières, sur les trois années de lycée.
Conforter les fondamentaux
L’autre priorité affichée par le président est de rapprocher davantage les lycées des entreprises, notamment en faisant plus souvent intervenir des professionnels. Cette idée laisse aussi perplexe : un grand nombre d’enseignants de matières techniques sont eux-mêmes d’anciens salariés du privé. La plupart des lycées travaillent déjà avec les entreprises des environs, notamment pour y placer des stagiaires. Or, il est parfois si difficile de faire remplir les évaluations aux tuteurs que les professeurs doivent s’en charger. Si les entreprises ont déjà du mal à assumer leur part, comment imaginer de leur en demander davantage ?
Dans la même logique d’adéquation des formations aux besoins du marché, le président de la République souhaite poursuivre la fermeture de nombreuses filières « gestion administration » commencée par Jean-Michel Blanquer. Nombre d’entre elles ont été reconverties en filières « commerce-vente », qui accueillent 22,9 % du total des lycéens professionnels. La démarche part d’une réalité incontestable : trop de jeunes sont formés à des métiers qui ne débouchent pas sur un emploi dès la sortie du bac. Au total, 60 % des lycéens professionnels sont scolarisés dans des filières tertiaires, domaine où l’embauche suppose souvent un diplôme de l’enseignement supérieur de type BTS.
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