C’est la première grève de Sylvie Julien et de Myriam Bouboune, en quelque trente ans de carrière au centre d’action sociale de la Ville de Paris. Ces deux femmes ont manifesté, mardi 11 octobre, derrière l’Hôtel de ville de la capitale pour réclamer la prime Ségur, soit 189 euros net par mois, dont elles et 1 500 de leurs collègues (sur 6 000) n’ont pas bénéficié. « On nous balance qu’on n’est pas dans le social. Mais il y a écrit “agent social” sur nos fiches de paie. Et les restaurants où on travaille ne sont pas comme les autres », fait valoir Sylvie Julien. Elles font la mise en place, le service, la vaisselle et le ménage dans des restaurants Emeraude, pour personnes âgées. Et bien davantage : elles accueillent chacun avec un mot gentil, aident les personnes en fauteuil roulant, coupent la viande, nettoient les multiples « petits dégâts », sous les insultes parfois… « On se sent dévalorisées. Cela va plus loin que l’argent. On veut l’égalité. On veut être reconnues pour notre travail », énonce posément Myriam Bouboune.
Le mot « reconnaissance » revient comme un leitmotiv, presque toujours accompagné du mot « épuisement », dans la bouche de nombreux professionnels de la protection de l’enfance ou de l’accompagnement des personnes précaires, handicapées, âgées… 15 000 d’entre eux sont descendus dans la rue, le 28 septembre, sous la bannière « Qui prend soin de nous ? ». Une affluence inédite, pour ceux qui prennent habituellement soin des autres, mais qui n’a guère eu d’écho.
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