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Les professionnels de santé se mettent d'accord pour lutter ensemble contre les déserts médicaux

L'Ordre des médecins s'est mis d'accord avec ceux des infirmiers, des kinés, des sages-femmes ou encore des pharmaciens pour partager davantage les tâches. Les patients pourront aller directement chez l'un de ces professionnels, quand il n'a pas de médecin traitant. Le gouvernement salue une « avancée majeure pour le système de santé ».

Les discussions sur le partage des tâches entre professionnels de santé ont souvent été houleuses.
Les discussions sur le partage des tâches entre professionnels de santé ont souvent été houleuses.

Par Solenn Poullennec

Publié le 13 oct. 2022 à 13:49Mis à jour le 13 oct. 2022 à 18:16

Les déserts médicaux forcent les professionnels de santé à se rapprocher et à mettre leurs rivalités en sourdine. Les ordres des professions de santé ont annoncé ce jeudi s'être mis d'accord sur des propositions d'organisation de la médecine de ville susceptibles d'avoir « un impact immédiat en termes d'amélioration de l'accès à la santé ».

« Il est indispensable d'engager une politique volontariste », souligne dans un communiqué le comité de liaison des institutions ordinales (CLIO). Concrètement, les professionnels se montrent prêts à coopérer davantage entre eux et à se partager les actes. L'idée est d'optimiser le temps des médecins traitants pour qu'ils voient plus de patients.

Point clé de l'accord présenté : dans le cas où un patient n'a pas de médecin traitant, les autres professionnels de santé, tels que les infirmiers, kinés, sages-femmes, etc. doivent pouvoir, aux yeux des ordres, assurer une première prise en charge et orienter le patient dans le système de santé. Le tout afin qu'il trouve un médecin traitant.

Une « vraie révolution »

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« C'est une vraie révolution. Aujourd'hui, la porte d'entrée dans le système de santé, c'est celle du médecin traitant. Désormais, tout professionnel de santé peut être la porte d'entrée dans le système et peut prendre en charge un patient qui n'a pas de médecin traitant », souligne le responsable d'un ordre.

«Il y a un changement de paradigme de la part des médecins, comme des autres professionnels», explique François Arnault, le président du conseil national de l'ordre des médecins. «L'idée c'est que chaque territoire invente sa manière de travailler en fonction des moyens à sa disposition», résume-t-il, tout en instant pour que l'équipe de soins soit «coordonnée» par le médecin.

L'Ordre national des infirmiers a salué des « avancées inédites », se réjouissant que les patients puissent - si l'accord est décliné sur le terrain - aller directement chez un infirmier pour bénéficier de certains actes. Ceux-ci restent cependant à préciser.

Cela faisait des mois que les différents ordres débattaient de la question du partage des tâches et de la coopération. Les discussions n'ont pas été simples, chaque profession défendant jalousement ses prérogatives et l'Ordre des médecins étant souvent jugé peu coopératif.

« Avancée majeure »

La pression pour trouver un accord est cependant montée d'un cran ces derniers mois alors que des élus menacent d'en recourir à la loi pour contraindre les médecins à s'installer dans des déserts médicaux. Début octobre, le gouvernement a invité les ordres à lui faire des propositions sur le partage des tâches, sous peine de reprendre la main sur le sujet.

Le gouvernement n'a d'ailleurs pas manqué de saluer « une avancée majeure ». « Dans les prochaines semaines, l'Etat et l'assurance-maladie travailleront en collaboration avec les ordres pour accompagner et traduire en actes concrets ses évolutions », indiquent les ministres en charge de la Santé, François Braun et Agnès Firmin Le Bodo, dans un communiqué.

Le gouvernement et l'Etat sont désormais attendus au tournant par les professionnels sur le détail des actes qui pourront être partagés et surtout sur les conditions financières qui inciteraient les professionnels à décliner sur le terrain le contenu de l'accord des ordres. Les syndicats des différentes professions vont entrer dans la danse.

Les représentants des médecins sont sur le point de commencer des négociations avec l'assurance-maladie sur les conditions d'exercice des libéraux et leur rémunération. Les kinés aussi attendent d'être davantage payés et sont pour l'instant déçus des propositions mises sur la table par l'assurance-maladie .

Solenn Poullennec

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