Hasard du calendrier ? Les premiers Etats généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes, qui se sont tenus le 4 octobre 2022 à Paris, ont coïncidé avec le News Engagement Day – un rendez-vous annuel visant à promouvoir la confiance de la population envers les journalistes. « Si nous ne prenons pas la mesure de la perte de confiance du public envers les médias, la démocratie est en danger fatal », a souligné, dès l’ouverture de cet événement, Pascal Guénée, président de la Conférence des écoles de journalisme (CEJ), organisme qui rassemble les quatorze écoles reconnues et pilotant cet événement. Une façon de rappeler que si c’est la première fois que la profession se mobilise de la sorte pour les jeunes, c’est aussi parce que son avenir est en question.
Désinformation, évolution du rapport au travail, nouveaux modes de consommation de l’information, impact des nouvelles technologies, précarité associée au travail en free-lance… Le métier de journaliste est touché par les changements profonds qui traversent la société. C’est ce qui ressort des travaux menés dans le cadre de ces Etats généraux, financés par le plan France Relance et le ministère de la culture, à l’issue desquels les cursus agréés ont organisé des actions dans les écoles et auprès des employeurs.
Une enquête a été menée auprès de néodiplômés (des promotions de 2019 à 2022) pour entendre leurs aspirations. On y apprend que le journalisme reste un métier de vocation : deux tiers des 1 600 jeunes répondants de l’enquête déployée par le cabinet Pluricité rêvaient d’être journalistes depuis des années, voire depuis l’enfance. Mais la plupart refusent de tout sacrifier pour leur passion et réclament un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Ainsi, seuls 37 % déclarent que travailler en horaires décalés ne leur pose pas de difficulté.
Incompréhensions dans le management
La CEJ a identifié douze thématiques pour changer les conditions d’entrée dans le métier. Le management en fait partie, avec la volonté de dépasser le « choc des générations ». Tous les néodiplômés interrogés constatent des incompréhensions entre, d’un côté, des employeurs agacés que les nouvelles recrues ne souhaitent pas s’impliquer « à fond » dans leur métier passion et, de l’autre, des jeunes qui souhaitent préserver leur vie privée, mener des projets personnels… Ou simplement respecter leurs horaires de travail, alors que les salaires dans le journalisme restent bien inférieurs à ceux d’autres secteurs recrutant des diplômés bac + 5.
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