Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Mon métier ne sera plus jamais comme avant » : deux ans après l’assassinat de Samuel Paty, les enseignants toujours marqués

La mort du professeur d’histoire-géographie, décapité le 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures de Mahomet, a éveillé une vigilance qui ne quitte pas les enseignants. Certains s’avouent toujours démunis face à des sujets comme la laïcité, mais témoignent de l’importance de leur mission.

Par 

Publié le 16 octobre 2022 à 04h45, modifié le 16 octobre 2022 à 08h46

Temps de Lecture 5 min.

Read in English

Article réservé aux abonnés

Un monument en forme de livre contenant des dessins de presse, place de la Liberté, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le 13 octobre 2022.

Quand il évoque le 16 octobre 2020, Erwan (les enseignants cités par leur prénom ont souhaité garder l’anonymat), professeur d’histoire-géographie, parle d’une « déflagration ». Le soir où Samuel Paty a été décapité aux abords de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression, cet enseignant niçois a compris « que l’on peut mourir d’enseigner des valeurs de tolérance, d’égalité et de liberté ». Deux ans après, il l’affirme : « Mon métier ne sera plus jamais comme avant. »

A l’heure des hommages et des commémorations, les mots « sidération », « choc », voire « traumatisme » sont encore sur les lèvres de nombreux enseignants lorsqu’il s’agit d’aborder l’attentat qui a ébranlé la profession dans ses fondements, il y a deux ans. « C’est une épreuve durable, et je pense que nous n’avons pas encore saisi toute la mesure de cet épisode », estime Rémy Sirvent, secrétaire national du SE-UNSA au secteur laïcité, école et société.

Chez les professeurs, invités il y a quelques jours à organiser des hommages les 14 et 17 octobre, la vive émotion des premiers mois s’est estompée. Si tous affirment « ne pas oublier », certains confessent « ne plus en parler », et la très grande majorité dit « faire cours normalement ». Mais nombreux sont ceux, notamment parmi les professeurs d’histoire-géographie, qui constatent que l’attentat a laissé des traces dans leurs pratiques.

« Je prends des pincettes »

Souvent, même chez les plus chevronnés, la mort de Samuel Paty a éveillé, ou avivé, une vigilance qui ne les quitte pas. « C’est évident qu’il y a des choses que je ne gère plus du tout comme avant », constate Raphaëlle, professeure d’histoire-géographie depuis presque trente ans en Gironde. La cabale lancée contre Samuel Paty sur les réseaux sociaux a attisé chez elle une inquiétude profonde de cette vie en dehors de la salle de classe sur laquelle elle n’a pas de prise. « Je fais maintenant très attention à ce que mes échanges avec les élèves ne soient pas enregistrés, je prends des pincettes quand j’aborde des questions liées à la religion par exemple, et je suis plus vigilante à la manière dont je m’adresse aux élèves, car je ne sais pas comment ça va être répété », liste-t-elle.

Peser chaque mot, ciseler le vocabulaire, veiller à ne pas être mal compris, à ne pas blesser… Cette question de la réception et de la perception de ses propos par des adolescents soucie constamment Thibault, professeur à Versailles. Lui a commencé à enseigner après la mort de l’enseignant de Conflans-Sainte-Honorine et il reconnaît avoir dans la tête une « ampoule Samuel Paty qui s’allume à chaque fois qu’[il] aborde une question sensible » avec ses élèves.

Il vous reste 64.38% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.