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BORIS SEMENIAKO

Capitale européenne de la culture : quarante ans après sa création, à quoi sert vraiment ce concept ?

Par 
Publié le 16 octobre 2022 à 05h45

Temps de Lecture 10 min.

Le spectre du Kosmos se dresse comme l’aveu d’un échec. Au centre-ville de Plovdiv, deuxième ville de Bulgarie, 350 000 habitants, les vitres cassées et le béton lépreux de ce qui fut autrefois le plus grand cinéma du pays laissent aux artistes locaux un goût amer.

C’est pour empêcher sa destruction qu’était née l’idée, chez les étudiants mobilisés pour sa défense, de candidater au titre de Capitale européenne de la culture. Et Plovdiv 2019 avait obtenu le label. Trois ans après l’année Capitale, l’ancien Kino Komsomol (le cinéma de l’organisation des jeunesses communistes), alias Kino Kosmos, est toujours rongé par la ruine, comme une verrue au milieu de la gentrification galopante de la ville, livrée aux spéculateurs.

A quoi sert une Capitale européenne de la culture ? Qui cela intéresse-t-il encore ? Quarante ans après sa création et plus de soixante-cinq villes labellisées, le concept n’a-t-il pas été jusqu’au bout de sa logique au point de s’essouffler ?

« La question n’est pas idiote, convient Yves Vasseur qui, en 2015, fit de Mons, dans la province belge du Hainaut, la capitale européenne. Dans le maelström des événements, on imagine que M. Toutlemonde s’en tape. D’un autre côté, on constate un nombre sans précédent de villes candidates : c’est donc que cela intéresse encore. Au moins les édiles. »

Un concept devenu routinier

En 2028, ce sera de nouveau au tour de la France – concomitamment avec la République tchèque – d’héberger la capitale européenne. Entre Amiens, Rouen, Reims, Bourges, Montpellier-Sète, Nice, Clermont-Ferrand, Bastia et Saint-Denis, cette compétition intranationale, dont on connaîtra le gagnant en 2023, est déjà lancée. Elle est âpre.

Pourtant, si les succès de Lille en 2004 et de Marseille en 2013 invitent à rêver, qui se souvient de Paris en 1989 (Jacques Chirac, maire de Paris, avait accepté l’injonction du gouvernement socialiste l’année du bicentenaire de la Révolution, mais n’avait rien fait) ou d’Avignon en 2000 ? Et pourquoi Nantes, qui fait figure de modèle en matière de renaissance culturelle, n’a-t-elle jamais été candidate ? « Parce qu’on est très prétentieux », rigole Jean Blaise, qui en fut, et reste, le maître d’œuvre, avant d’expliquer, plus sérieusement : « Parce qu’on avait envie d’être nous-mêmes. Poser une candidature, c’était aller vers des critères de ce que devait être une capitale européenne de la culture. Et pas notre identité propre.  »

Bruxelles n’a doté le label que de peu d’argent : 1,5 million d’euros pour des budgets qui oscillent entre 16 millions et 100 millions

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