« Un véritable danger pour l’avenir scolaire et professionnel d’un tiers de la jeunesse lycéenne. » Les sept fédérations (CGT, FO, FSU, CFDT, UNSA, SUD Solidaires, Syndicat national des lycées et collèges) qui appellent à la grève dans les lycées professionnels, mardi 18 octobre, n’y vont pas par quatre chemins pour qualifier la réforme du lycée professionnel voulue par Emmanuel Macron et demander « son retrait ». Le chef de l’Etat a fait de ce chantier, par lequel il veut rapprocher ces formations de l’entreprise et du modèle de l’apprentissage, un axe fort de ses projets pour l’école, dès la campagne de l’élection présidentielle. Cet appel à la grève prend une ampleur rarement vue, en rassemblant la quasi-totalité des organisations syndicales du secteur. Le SNETAA-FO entend prolonger le mouvement les 19, 20 et 21 octobre.
Le lycée professionnel – et ses 600 000 élèves – va mal, tous s’accordent à le dire. Deux ans après l’obtention de leur diplôme, seuls 41 % des titulaires d’un CAP et 51 % des bacheliers professionnels ont un emploi. Mais les mesures envisagées par le président de la République ne conviennent pas aux personnels de ces lycées, éreintés par plusieurs réformes de la voie professionnelle ces quinze dernières années sans qu’aucun bilan n’en ait été tiré. La « transformation de la voie professionnelle » voulue par l’ancien ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer en 2018 vient à peine d’être mise en place complètement.
L’augmentation du nombre de périodes de stage – de 50 %, a annoncé Emmanuel Macron – n’est pas la solution pour l’intersyndicale, pour qui « c’est le risque de centaines d’heures d’enseignement en moins pour les jeunes qui en ont le plus besoin ». Les professeurs déplorent déjà une baisse du nombre d’heures d’enseignement depuis quinze ans. « Quand j’ai commencé ma carrière, au début des années 2000, mon service de dix-huit heures me permettait de prendre en charge deux classes. Aujourd’hui, j’en ai quatre », détaille ainsi Vincent Magne, professeur de lettres et d’histoire en lycée professionnel. « Nous sommes confrontés à une jeunesse qui cumule les difficultés sociales et économiques. Nous ne voulons pas abandonner leurs ambitions scolaires », complète Sigrid Gérardin, responsable du SNUEP-FSU.
Autre enjeu pour le gouvernement : adapter la carte des formations aux réalités économiques, dans le but d’améliorer l’insertion professionnelle des diplômés. Les syndicats d’enseignants refusent que « les ouvertures et fermetures de filières soient décidées uniquement au prisme des besoins locaux et immédiats des entreprises de proximité ». Le devenir des enseignants qui verraient leur filière fermée est également posé.
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