Le mois dernier, les étudiants en pharmacie alertaient sur les 1100 places encore vacantes sur les bancs des universités françaises, soit une hausse de 550% par rapport à l’an dernier. Mais les aspirants pharmaciens ne sont pas les seuls confrontés à ce problème de places désertées. En études de maïeutique, préparant au métier de sage-femme, près de 20% des places sont vacantes en deuxième année en cette rentrée.

Un constat alarmant pour les étudiants et pour la profession. Dans un communiqué de presse conjoint de ce jeudi 13 octobre, le conseil national de l’Ordre des sages-femmes, le collège national des sages-femmes de France, l’association nationale des étudiants sages-femmes et la conférence nationale des enseignants en maïeutique dénoncent la «crise profonde d’attractivité que traverse la profession de sage-femme et, par ricochet, la formation initiale».

Ainsi, en 2022, 872 places en deuxième année de maïeutique sont financées par les régions alors que les capacités d’accueil avaient été fixées à 1068. «Ce chiffre est donc loin de l’objectif d’augmenter de 20% le nombre de professionnels formés porté par la réforme des études en santé mais surtout des besoins démographiques pour faire face au déficit de professionnels de santé», soulèvent les auteurs du texte.

«On n’a pas assez de candidatures, il y a urgence»

Pour Adrien Gantois, président du collège national des sages-femmes de France, plusieurs problèmes peuvent expliquer ce taux de places vacantes. «Il y a d’abord la réforme Pass/LAS qui a pu perturber ces chiffres. Mais aussi le contexte post-Covid: les filières de santé souffrent d’une vision assez négative, avec un rythme difficile, des gardes et des salaires parfois insuffisants à l’hôpital. À l’inverse des dentistes, par exemple. Nous n’attirons plus autant qu’avant, c’est certain», explique le praticien.

Un avis partagé par sa consœur Véronique Lecointe, présidente de la conférence nationale des enseignants en maïeutique. «Le nombre de places a été augmenté partout. Mais la médecine a tout absorbé face à la pharmacie ou à la maïeutique, elle nous écrase. On n’a pas assez de candidatures. Il y a urgence, on ne peut pas continuer comme cela», partage-t-elle.

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L’avenir effraie Adrien Gantois. «À continuer ainsi, nous allons voir de nouvelles maternités fermer, avoir de moins bonnes conditions de soins... Il y a une méconnaissance du métier et une vision erronée. Il faut faire une cure d’attractivité», estime-t-il. C’est pourquoi, dans le communiqué de presse, les étudiants et professionnels réclament de «prévoir la pleine intégration universitaire de la formation dès 2024 avec un alignement du financement sur les autres professions médicales et une sortie de la tutelle des régions» et de «permettre aux enseignants et chercheurs en maïeutique de rejoindre le statut hospitalo-universitaire des autres professions médicales afin de pouvoir exercer au sein des maternités tout en enseignant et en menant une activité de chercheur».