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Chute de la fréquentation des salles de cinéma : à qui la faute ?

Au plus bas niveau depuis quarante ans et après 2020, l’industrie du 7ᵉ art se cherche des boucs émissaires.

Publié le 17 octobre 2022 à 20h00, modifié le 18 octobre 2022 à 08h24 Temps de Lecture 5 min.

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Une salle de cinéma dans le sud de la France, le 17 août 2022.

Le 3 octobre, un rapport du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) révélait que la fréquentation des salles de cinéma, au mois de septembre 2022, avait atteint un seuil critique avec 7,38 millions d’entrées, soit le plus bas niveau depuis la réouverture des salles, le 18 mai 2021, à l’issue d’une année de pandémie. La douche s’est révélée d’autant plus froide que le secteur comptait beaucoup sur l’« effet rentrée » à la suite d’un été en berne. A l’exception de l’année 2020, celle de la crise sanitaire et de la fermeture des lieux de culture, de tels résultats n’avaient pas été enregistrés depuis 1980.

Les causes de cette désaffection des salles ont beau être multiples, on n’en entend pas moins régulièrement une petite musique lancinante qui résonne comme une recherche de coupables et en appelle à la vox populi. « Les spectateurs n’ont pas envie d’aller au cinéma pour se faire chier », s’est ainsi écrié Jérôme Seydoux, le patron du groupe Pathé, au micro de France Inter, mercredi 12 octobre, mettant explicitement sur la sellette, si l’on peut dire, le cinéma d’auteur français. On ne saurait être plus loin de Martin Scorsese, qui a déclaré, le 13 octobre, sur la scène du New York Film Festival : « Depuis les années 1980, on ne regarde plus que les chiffres. (…) Le cinéma est dévalué, déconsidéré, amoindri de toutes parts, non pas tant sa part commerciale qu’artistique. »

Régulation et multiplexe

On l’a compris, c’est bien cette part que le modèle protectionniste français, en cela longtemps exemplaire, a sanctuarisée et soustraite aux obligations du marché, le cinéma dit « d’auteur », ou, selon un label bien connu, l’« art et essai », qui serait coupable de ne pas divertir le grand public et de gâcher la fête avec des sujets qui fâchent. Pointé du doigt, jugé soudain au nom de la rentabilité jusqu’au sein de ces instances, on sent bien que ses relations avec les pouvoirs publics, comme avec les autorités de tutelle, se sont tendues depuis quelques années, comme en témoigne le récent appel à des Etats généraux du cinéma.

Il faut, aussi bien, revenir en arrière, pour mieux comprendre l’inquiétude qui s’exprime aujourd’hui. La précédente « crise du cinéma », en 1980, liée au développement du marché de la vidéocassette et de la périurbanisation des publics, avait conduit, au fil de la décennie, à la fermeture de nombreuses salles des centres-villes, dites « de quartier ». Face à ces nouveaux acteurs déplaçant l’usage des films dans la sphère privée, des réponses avaient été très vite apportées grâce à une concertation entre professionnels et pouvoirs publics. La première d’entre elles fut la régulation. Elle aboutit à la loi du 29 juillet 1982, inaugurant un édifice législatif bientôt connu sous le nom de « chronologie des médias ». Chaque diffuseur disposant alors d’une fenêtre dans un parcours privilégiant la salle, à qui est réservée la première exclusivité. Le secteur, de son côté, n’a pas tardé à engager de vastes restructurations qui ont pris la forme, dans les années 1990, d’un nouveau modèle de concentration des écrans : le multiplexe, calé sur les standards de la grande distribution et les nouveaux usages de la ville.

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