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Marie Docher, la chevaleresse de la photographie

L’activiste et son collectif, La Part des femmes, n’ont cessé de dénoncer, chiffres à la clé, la faible présence des femmes dans le secteur. Avec des succès, et des polémiques enflammées sur les réseaux sociaux.

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Publié le 10 octobre 2022 à 19h00, modifié le 11 octobre 2022 à 09h09

Temps de Lecture 6 min.

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La photographe Marie Docher, le 3 octobre 2022, à Paris.

Il suffit que Marie Docher pointe le nez dehors pour que la vie se charge de lui rappeler son combat. A Paris, alors qu’elle pose devant la photographe chargée de faire son portrait pour Le Monde, un homme vient leur dire de dégager. « On avait trouvé un coin sympa avec une fresque, soupire la photographe, et il y a un mec qui est venu, en mode hyperagressif : “Vous me gênez, je veux faire une photo de la fresque avec mon téléphone.” On s’est poussées, mais il ne prenait pas sa photo, il nous a pourries, pourries, pourries. »

Un clash de plus pour la photographe de 60 ans, qui les collectionne depuis 2014, lorsqu’elle s’est donné pour mission, seule puis avec le collectif La Part des femmes, de dénoncer la sous-représentation des femmes dans le monde de la photographie. Avec un mot d’ordre : « compter pour qu’elles comptent ». Epluchant les programmes des centres d’art et des éditeurs, les collections publiques, les bourses et les prix, elle a créé des statistiques sur lesquelles elle s’appuie pour interpeller, en privé puis en public, sur les réseaux sociaux, les responsables (en majorité masculins) des institutions. En rappelant qu’ils bénéficient de fonds publics. Une thérapie de choc qui a généré des polémiques et des insultes en cascade.

« Je ne fais pas la guerre aux hommes, je veux mettre fin à la guerre qu’ils nous mènent » – Marie Docher, photographe

Pour le moment, la « féministe enragée » caresse un chat dans un café, les yeux bleus pétillants, le sourire facile. Mais prête à répondre du tac au tac. « Je ne fais pas la guerre aux hommes, je veux mettre fin à la guerre qu’ils nous mènent, résume-t-elle. Et je suis radicale, au sens où je vais à la racine des choses. » A savoir, aux racines d’un système qui invisibilise les femmes photographes dans les prix, galeries, musées, festivals, alors qu’elles sont majoritaires dans les écoles d’art. Elle rappelle l’étude qu’elle a publiée sur le parcours des femmes photographes, menée par la sociologue Irène Jonas, et les outils de réflexion mis à disposition sur le site Visuelles.art, où des sociologues, historiens, commissaires comme Marie Buscatto, Fabienne Dumont ou Alain Quemin, analysent la place des femmes – et des racisés – dans le monde de l’art.

« Une femme invisible »

Son coup de génie, au départ, a été de se faire passer pour un homme. Sous le pseudo de Vincent David, elle crée le blog « Atlantes et cariatides » en 2014, du nom des statues qui soutiennent les monuments – piliers du système. Elle s’intéresse d’abord à la Maison européenne de la photographie (MEP), où plus de 80 % des expositions monographiques sont consacrées à des hommes, puis aux éditions Delpire (91 % d’hommes dans la collection « Photo Poche » à l’époque), aux Rencontres d’Arles (82 % d’hommes exposés en 2013). En tant qu’homme, dit-elle, « j’ai appris ce qu’était le respect ». Dès qu’elle révèle son identité, les choses changent. « Je suis passée du gendre idéal, le mec sympa, intelligent, progressiste, à la femme hystérique. Alors que mon discours n’avait pas changé ! »

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