La crise ? Quelle crise ? Mois après mois, les groupes de luxe présentent des résultats spectaculaires. Au troisième trimestre 2022, les ventes des marques de mode de LVMH ont bondi de 22 %, après + 24 % sur les six premiers mois de l’année, pour atteindre 27,8 milliards d’euros. Chez Hermès, l’activité surpasse celle du numéro un mondial du luxe : + 24 % à taux de change constants au troisième trimestre, a dévoilé le groupe dirigé par Axel Dumas, le jeudi 20 octobre, après + 23 % au premier semestre. Le même jour, Kering a fait état d’une activité trimestrielle en hausse de 14 %, portant son chiffre d’affaires à 15 milliards sur neuf mois (soit + 15 % par rapport à la même période en 2021). « Jusqu’à présent, l’euphorie d’être sorti de la pandémie a pris le pas sur un marché boursier en baisse, une inflation en hausse et la guerre en Ukraine », décode Luca Solca, analyste financier chez Bernstein.
De fait, tous les pans du marché du luxe s’envolent. Chez LVMH, outre Louis Vuitton et Christian Dior, Celine « connaît une très forte croissance grâce au succès des créations d’Hedi Slimane », le créateur français nommé en 2018 pour décupler les ventes de la marque connue pour ses sacs et mieux pénétrer le marché de l’habillement et des cosmétiques. Les secteurs de l’horlogerie et de la joaillerie sont aussi en plein boom (+ 16 % sur neuf mois chez LVMH).
L’achat de montres, secteur à la peine depuis plusieurs années, aurait retrouvé grâce aux yeux de « tous ceux qui préfèrent acheter maintenant avant d’éventuelles hausses de prix », selon Jean-Jacques Guiony, directeur financier de LVMH. Hermès vend davantage de vêtements (+ 38 %), d’articles en soie (+ 27 %), de montres (+ 55 %) et de sacs (+ 13 %). Kering se réjouit aussi des scores de Saint Laurent, en hausse de 30 %, et de Gucci dont la croissance est « toujours soutenue », bien que plus faible, à + 9 %.
Valse des étiquettes
Les acteurs de cette industrie bénéficient d’un « effet de base favorable », c’est-à-dire que leurs performances sont à comparer à celles du troisième trimestre 2021. Or, à l’été 2021, le tourisme, l’un des moteurs de la vente dans les boutiques de luxe, « était encore au ralenti en Europe », rappelle Christophe Laborde, analyste financier chez Bordier & Cie, à Genève, en Suisse.
Malgré l’absence de touristes chinois, ce n’est plus le cas. A Paris, le nouveau magasin Dior de l’avenue Montaigne a reçu 500 000 visiteurs, depuis son inauguration en mars. Les touristes américains sont de retour aussi chez Hermès dont les ventes trimestrielles ont progressé de 28 % en France. L’afflux des touristes américains a été soutenu « par un dollar qui s’est fortement apprécié », note M. Laborde.
Il vous reste 57.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.