Emmanuel Macron apporte une première réponse pour lutter contre les déserts médicaux
L'exonération de cotisations promise par le chef de l'Etat aux médecins retraités qui continuent de travailler fait des heureux dans la profession. Les hôpitaux publics attendent, eux, de pied ferme une pérennisation de la revalorisation de la rémunération pour les gardes et le travail de nuit, décidée cet été à titre temporaire.
Emmanuel Macron a marqué des points auprès des médecins libéraux. Pour lutter contre les déserts médicaux, le président de la République a promis, mercredi soir sur France 2, un coup de pouce financier pour encourager les médecins retraités à travailler . Une mesure saluée par la profession, tout comme les déclarations du chef de l'Etat sur la rémunération du travail de nuit à l'hôpital.
Les médecins qui prennent leur retraite vont pouvoir « continuer leur activité et garder tous les revenus qui sont les leurs pour eux, sans payer de cotisations retraites nouvelles », a indiqué le chef de l'Etat. La mesure doit permettre de répondre en partie au problème des 6 millions de Français qui n'ont pas de médecin traitant.
12.000 médecins en cumul emploi retraite
Annoncée à l'heure où la refonte des études de médecine générale fait des remous, l'exonération est bien accueillie par les libéraux. Cet « engagement est vital pour maintenir l'accès aux soins dans certains territoires », se félicite le Syndicat des médecins libéraux (SML).
La mesure peut paraître séduisante mais « on redoute que des collègues prennent plus vite leur retraite pour faire du cumul emploi retraite », temporise Isabelle Domenech Bonet, membre du syndicat MG France. « On souhaiterait avoir plus de moyens pour les médecins en activité, pour avoir des assistants médicaux ou l'aide d'infirmières ».
Des députés s'étaient emparés de la question du cumul emploi retraite des médecins lors des débats sur le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) . « Plus de 12.000 médecins sont en cumul emploi retraite et, au-dessous de 70 ans, 80.000 d'entre eux sont en retraite », avait ainsi défendu le député Philippe Juvin (Les Républicains) en commission. La rapporteuse du budget avait renvoyé le débat à celui sur la réforme des retraites.
Toutefois, avant d'engager sa responsabilité une nouvelle fois sur le PLFSS mercredi soir, le gouvernement a finalement promis d'exonérer de cotisations les médecins retraités qui travaillent pendant un an. Interrogé sur cette limitation dans le temps, le cabinet du ministre de la Santé, François Braun, suggère que le dispositif a toutes les chances d'être pérennisé. Le manque à gagner pour la caisse de retraite sera compensé, assure-t-il.
Suppression du délai de carence
Le budget devrait aussi supprimer un délai de carence de six mois en cas de reprise du travail après la retraite et supprimer le plafond de cumul des revenus d'activité et de retraite pour les professionnels de santé dans les zones où l'offre de soins est insuffisante. Autant de dérogations déjà appliquées pendant la crise du Covid-19.
Enfin, le gouvernement souhaite étendre jusqu'à 2035 le dispositif permettant aux médecins et aux infirmiers de travailler jusqu'à 72 ans dans les établissements publics de santé.
Revalorisation du travail de nuit
Pressé de répondre aux inquiétudes sur la saturation de services à l'hôpital, le chef de l'Etat a aussi défendu mercredi le « paquet d'urgence » déployé cet été pour aider les urgences à passer la pause estivale. Il a notamment souligné l'intérêt de « mieux payer la nuit et les week-ends », une mesure actée cet été à titre temporaire.
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Les déclarations du chef de l'Etat n'ont pas échappé à la Fédération hospitalière de France, qui demande « instamment que les revalorisations des gardes et astreintes et du travail de nuit en vigueur cet été soient prolongées sans délai, pour tout l'hiver, et qu'elles soient financées ». Il en va de l'attractivité des postes d'hospitaliers pour la fédération. « Il faut que ce soit pérenne si on veut appliquer correctement l'indispensable encadrement de l'intérim au printemps », estime Arnaud Robinet, le patron de la FHF.
Le gouvernement a promis de débloquer 150 millions d'euros en urgence pour les services en tension dans les hôpitaux il y a quelques semaines et assuré qu'il allait prolonger certaines mesures décidées cet été comme l'augmentation de la rémunération des médecins de ville qui prennent en charge des patients non prévus. Le ministère de la Santé est cependant resté discret sur la prolongation la revalorisation des gardes et des nuits.
Solenn Poullennec