Salon de l'alimentation
Les industriels prêts à livrer leurs recettes pour le futur

La dernière édition du salon international de l'alimentation Sial, qui se tient habituellement tous les deux ans, remonte à 2018. Celle de 2020 avait été annulée en raison de l'épidémie de Covid-19.

Cinq jours durant, sur une surface équivalente à 100 hypermarchés, le parc des expositions de Villepinte va se muer en terrain de chasse pour les industriels et leurs acheteurs, avides d'inspiration et de contrats.

Les retrouvailles interviennent en pleine fièvre inflationniste dans le sillage de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine.

Les industriels se disent étranglés par les hausses des coûts des matières premières agricoles, des emballages, des salaires, du gaz, de l'électricité... Ils réclament à la grande distribution d'acheter plus cher leurs produits et aux autorités de plafonner le prix de l'énergie.

Le ministre de l'agriculture Marc Fesneau est attendu samedi dans les allées du salon.

Sept mille exposants venus de 126 pays sont annoncés par les organisateurs, et 300 000 visiteurs attendus.

« Depuis trois, quatre ans, il n'y a pas eu d'événement sur l'agroalimentaire. Le Sial va permettre de se réunir, partager après l'isolement Covid, de voir les innovations », résume son directeur général, Nicolas Trentesaux.

L'événement, parrainé par le célèbre chef argentin triplement étoilé Mauro Colagreco, entend aussi promouvoir « le mieux manger », des produits plus sains pour le consommateur et la planète.

« Il faudra nourrir dix milliards d'habitants d'ici 2030-2040. On ne peut pas continuer à consommer et à produire comme aujourd'hui. La transition alimentaire doit s'accélérer », poursuit Nicolas Trentesaux.

Toujours plus de végétal

Régulièrement taxée de promouvoir la malbouffe avec des produits trop gras, trop sucrés ou trop transformés, d'être trop dépendante aux emballages plastiques ou de contribuer au gaspillage de denrées comestibles, l'agro-industrie doit aussi rassurer sur la sécurité sanitaire de ses produits.

Les géants Nestlé et Ferrero sont visés par des enquêtes après deux scandales au printemps. Des pizzas surgelées de la marque Buitoni (groupe Nestlé), fabriquées dans une usine du nord de la France et contaminées par la bactérie E.coli, sont suspectées d'avoir provoqué la mort de deux enfants et l'intoxication de dizaines d'autres. Quant à l'italien Ferrero, il a dû procéder au rappel de milliers de tonnes de produits Kinder fabriqués dans son usine d'Arlon, en Belgique, après le signalement de dizaines de cas de salmonellose dans plusieurs pays d'Europe. Quelque 400 cas ont été recensés au total par les autorités sanitaires. Aucun décès n'a été signalé.

Au salon, les poids lourds de la viande et des produits laitiers (comme les Français Bigard, LDC, Savencia et Lactalis) côtoieront la foule d'initiatives visant à mettre plus de végétal dans nos assiettes.

Comme l'entreprise israélienne Redefine Meat qui promet que ses produits formulés à base de plantes (soja, blé, orge...) ont une saveur et une texture « comparables à celles d'une viande de haute qualité ».

L'agroalimentaire est loin de tourner le dos à la viande - dont la consommation devrait encore progresser à l'échelle mondiale selon les projections -, mais les ingrédients d'origine végétale sont les stars des concours d'innovation alimentaire, présentés au salon.

Les trophées du Sial récompensent ainsi des dés d'algues surgelés à poêler, un substitut à la viande à base de caroube et farine de riz ou des bases d'assaisonnement vegans à destination des restaurateurs.

Quant aux étudiants engagés dans le concours Ecotrophelia Europe, ils ont concocté des produits intégrant des drêches (résidus issus du brassage de l'orge lors de la production de bière), du sarrasin fermenté, du marc de betterave, du chanvre...

Hormis la parenthèse du Covid-19, le Sial se tient tous les deux ans depuis près de six décennies.

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