Coup d’envoi des concertations pour réformer le lycée professionnel

Quatre groupes de travail ont été installés pour formuler le "menu" de la réforme du lycée professionnel. Leurs conclusions doivent être connues d’ici fin février 2023  

Annoncé à la rentrée par Emmanuel Macron, le délicat projet de réforme du lycée professionnel (voir notre article du 13 septembre 2022) entre dans une nouvelle phase. Après une séquence de consultations bilatérales menées entre mi-septembre et mi-octobre, la ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnelle, Carole Grandjean, lançait ce vendredi 21 octobre au lycée Pierre-Gilles de Gennes à Paris quatre groupes de travail censés "dresser le menu d’une réforme d’ensemble qui mobilisera des moyens à la hauteur des ambitions", précisait la veille son ministère.

Les concertations démarrent dans un contexte mouvementé : 23% des personnels des lycées professionnels ont fait grève mardi 18 octobre selon les chiffres de l’Éducation nationale afin de protester contre la baisse du nombre d’heures d’enseignement généraux pour leurs élèves, liée à la hausse des périodes de stage voulue par Emmanuel Macron. L’entourage de la ministre déléguée, Carole Grandjean, assure vouloir "ouvrir toutes les pistes de réflexion, sans aucun tabou", y compris débattre de l’ampleur de l’augmentation des périodes en entreprise. "Nous allons investir dans les lycées professionnels", souligne-t-on au ministère, alors que les organisations syndicales craignent fermetures de filières et dégradation des conditions de travail.

Pilotés par des recteurs et composés de diverses parties prenantes (organisations syndicales, partenaires sociaux, organisations de parents d‘élèves, représentants des régions…), quatre groupes de travail étaient lancés ce vendredi. Leurs conclusions sont attendues pour la fin de cette année, au plus tard fin février 2023. Elles ont vocation à être ensuite approfondies par des "groupes de préfiguration" de la réforme.

Lutte contre le décrochage et poursuite d’études

Le premier groupe de travail vise la baisse du nombre de décrocheurs en réfléchissant aux moyens de motiver les élèves d’une part, puis de travailler le processus d’orientation des élèves avant et pendant la scolarité en voie professionnelle d’autre part.

Mieux préparer la poursuite des études supérieures requises pour certains métiers mobilisera un deuxième groupe de travail. Six bacheliers professionnels sur dix souhaitent poursuivre leurs études, mais seulement la moitié parvient par exemple à obtenir son BTS en deux ans.

Employabilité des élèves

L’amélioration du taux d’accès à l’emploi après le diplôme constitue un troisième axe, piloté par le recteur de l’académie de Strasbourg, Olivier Faron. Cet objectif supposera de réfléchir à l’évolution de la carte des formations ainsi qu’aux voies destinées à améliorer l’"employabilité" des élèves. Le ministère estime à ce sujet que la hausse des temps de stage constitue l’un des moyens d’y parvenir, sous réserve que ces séquences soient de véritables temps de formation, au-delà de la simple occupation d’un poste

Le quatrième groupe de travail réfléchira aux marges de manœuvre des établissements tout en conservant "le caractère national" des diplômes. Y seront abordés des sujets tels que la planification des périodes de formation en milieu professionnel, l’ajustement de l’organisation de la formation au lycée "afin d’améliorer la relation formation-emploi" ou encore "l’accroissement de la professionnalisation pour une insertion réussie des élèves", d’après le dossier de presse diffusé à l’occasion de l’annonce.

Gratification des stagiaires dès la rentrée 2023

Une chose est déjà sûre : à la rentrée 2023, les lycéens de la voie professionnelle recevront une gratification lors de leurs périodes de stage. Une mesure qui agace certains réseaux de CFA s’inquiétant d’une concurrence accrue avec l’apprentissage.

Le ministère de l’Enseignement et de la Formation professionnelle souhaite en outre développer ce mode d’alternance dans la voie professionnelle, qui concerne aujourd’hui 63.000 élèves. Cela supposera notamment de lever les "difficultés administratives" associées à l’apprentissage, souligne le ministère, qui se montre par ailleurs favorable aux "parcours mixtes" associant voie scolaire et apprentissage.

Ces deux modalités de formation ne sont pas en concurrence, répète-t-on au ministère, sans réagir aux diverses demandes de régulation, suite à la libéralisation de l’ouverture des centres de formation d’apprentis (voir notre article du 4 mai 2022) : "Un travail partenarial doit se faire sur tous les territoires, en lien avec les conseils régionaux, pour avoir des voies complémentaires, en fonction du profil des élèves."

 

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