Une filière de recyclage des matériaux souples s'amorce en Vendée
A la faveur du rachat de la sellerie vendéenne PIH, Charles Barreau, le président de l'association Ruptur, dédiée à l'amélioration du cycle de vie des produits industriels, veut structurer une filière de recyclage et de réemploi des matériaux souples.
Par Olivia Bassi
Participer à la mutation des pratiques industrielles pour favoriser l'écoconception et diminuer l'empreinte environnementale des activités économiques, tel est le leitmotiv de Charles Barreau. Le président de l'association vendéenne Ruptur, dédiée à l'amélioration du cycle de vie des produits industriels, va mettre concrètement ses idées en pratique.
Il vient de racheter avec un duo d'actionnaires la sellerie vendéenne PIH, fondée en 1989 et spécialiste de la mise en forme des matériaux souples (cuir, textile technique et mousse) pour les marchés haut de gamme du nautisme, du ferroviaire, des véhicules de loisirs et de l'agencement. La société située à Chanverrie (Vendée) réalise notamment des sièges et des banquettes pour Alstom ou Beneteau. Elle emploie 20 salariés pour un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros.
Le nouveau dirigeant également à la tête de DSO, un cabinet de conseil en développement de produits et en démarche RSE, veut faire évoluer les pratiques de l'entreprise pour amorcer avec ses clients une filière de recyclage et de réemploi des matériaux souples. « Aujourd'hui, le textile est imposé par le client et ses designers. On veut changer de posture et intervenir en amont des projets pour proposer des textiles esthétiques à base de produits recyclés ou valorisables et à un prix acceptable », résume Charles Barreau. « C'est notre responsabilité de proposer des textiles avec un meilleur impact ».
Lire aussi :
Comment des industriels vendéens parviennent à valoriser leurs déchets de polystyrène
En Vendée, Recycuir transformera le cuir en panneaux acoustiques
Bonnes pratiques
Pour débuter ce cycle vertueux, l'ingénieur va sensibiliser ses principaux clients et initier avec eux des bonnes pratiques : organiser la récupération des produits en fin de cycle pour les démonter, réemployer ce qui peut l'être et recycler les mousses, cuirs et autres similicuirs les composant. En initiant ce mouvement à petite échelle, il compte en tirer des enseignements et faire tache d'huile. « Ça va se faire dans le temps », espère le dirigeant qui se donne 5 ans pour organiser une filière pérenne.
D'ici là, les repreneurs dont Olivier Gageot, le directeur industriel de la sellerie, ancien compagnon du tour de France, et Marie Coutanceau, directrice du cabinet de ressources humaines Valeurs et compétences, veulent recruter et pérenniser les savoir-faire très techniques de l'entreprise vendéenne, mais pas seulement. Ils débuteront dès 2023 un parcours de tutorat interne avant de monter un centre de formation régional autour des matériaux souples en partenariat avec d'autres acteurs de la filière.
Olivia Bassi