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Innover ou déserter ? Pour ces étudiants ingénieurs, le choix est vite vu

Déserter ? Pour ces jeunes, cela n'est pas une option. Ces entrepreneurs en herbe préfèrent créer des solutions pratiques et technologiques, afin de trouver leurs propres réponses aux défis que nous rencontrons.

NotOnlyMine, lancé par deux jeunes ingénieurs, tout juste diplômés des Mines de Paris, Oscar et de Raphaël
NotOnlyMine, lancé par deux jeunes ingénieurs, tout juste diplômés des Mines de Paris, Oscar et de Raphaël (DR)

Par Laura Makary

Publié le 2 nov. 2022 à 07:01Mis à jour le 2 nov. 2022 à 11:19

La transition écologique et énergétique , il y a ceux qui en parlent et ceux qui la font. Aurore fait partie de cette seconde catégorie. Avec quatre autres étudiants, l'étudiante a lancé Green Phoenix il y a trois ans, à l'occasion d'un concours organisé par l'association Alsace Tech, qui rassemble quatorze grandes écoles de la région. Le pitch ? Collecter les déchets organiques de particuliers, de professionnels et de collectivités à vélo cargo, puis les valoriser en compost ou en biogaz, destinés à fournir une énergie totalement compatible avec une croissance verte.

La jeune ingénieure diplômée de l'école d'ingénieurs Insa Strasbourg n'avait pas vraiment prévu de devenir entrepreneuse. Après avoir poursuivi son cursus à l' ESI Business School , école de commerce consacrée au développement durable, et maintenant en préparation du diplôme de comptabilité et gestion (DCG comptabilité et commerce), elle se réjouit d'être dans l'action : « Mon métier a du sens, je travaille sur une solution qui répond aux enjeux environnementaux. Et notre start-up grandit dans une économie locale et circulaire. Pour moi, c'est l'essentiel ! »

Green Phoenix compte déjà 1.300 clients particuliers, ainsi que des clients professionnels. Elle vient justement de remporter un gros marché, représentant 300 tonnes de biodéchets par an, avec un marché d'une vingtaine de grossistes de Strasbourg. Ce qui représente tout de même l'équivalent des poubelles annuelles de 6.000 ménages !

Des problèmes… et des solutions

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Répondre au défi climatique en innovant, c'est aussi la philosophie de NotOnlyMine, lancé par deux jeunes ingénieurs, tout juste diplômés des Mines de Paris. Le projet d'Oscar et de Raphaël : créer une appli mobile pour faciliter l'auto-partage, afin de prêter plus simplement sa voiture ou d'emprunter celle d'un proche, de manière sécurisée.

« L'aspect environnemental est très fort dans ce projet : le but est d'optimiser le nombre de voitures en circulation. Il faut savoir qu'en France 13 millions de véhicules roulent moins de deux fois par semaine », souligne Oscar. Entre amis, en famille ou même, pourquoi pas, au sein d'une copropriété, la jeune pousse vise à simplifier les échanges d'automobiles. L'assurance, voire l'amortissement des frais de conduite, est gérée par leur solution.

Le duo ne se reconnaît pas dans l'appel à « bifurquer » des diplômés d' AgroParisTech , qui au printemps avaient défendu le choix de ne pas intégrer le monde économique traditionnel pour devenir paysans. « On ne s'inscrit pas du tout dans cette démarche, c'est clair. Nous essayons plutôt de développer un outil technologique qui réponde concrètement à un problème », défend Raphaël.

Un problème, une solution. Même combat pour Robin et Corentin. Le premier achève un mastère spécialisé à CentraleSupélec , tandis que le second vient de boucler son BBA à l' Essec . Ensemble, ils ont fondé Ecklo en début d'année. Leur projet : créer un emballage réutilisable et recyclable, afin de remplacer le film plastique servant à protéger les marchandises stockées sur des palettes.

« Je suis persuadé que des jeunes sociétés comme la nôtre sont complémentaires pour ceux qui 'désertent'. À notre échelle, nous mettons en place une solution pratique, pour éviter ce gâchis de plastique, car nos housses peuvent être réutilisées de 100 à 150 fois », souligne Corentin. Autant de kilos de film plastique qui ne finiront pas à la benne.

Dès que Robin aura achevé son diplôme, en juin, les deux amis prévoient d'accélérer leur développement, en augmentant leur production. Objectif : devenir une référence écoresponsable dans l'univers de la logistique.

Trouver sa propre voie

Pour développer un projet, il faut y croire. Le moteur de cette foi a aussi été la dimension écologique du projet pour Quentin, étudiant ingénieur à Phelma ( Grenoble INP ), et Guillaume, en master à Grenoble IAE. Ensemble, ils ont lancé ByCommute, qui propose aux entreprises et aux collectivités des box sécurisés pouvant contenir plusieurs vélos. « En France, un vélo est volé chaque minute, la peur de se le faire voler est un vrai frein au développement des deux-roues, notamment pour passer à l'électrique », souligne Quentin.

Quentin, étudiant ingénieur à Phelma (Grenoble INP), et Guillaume, en master à Grenoble IAE ont lancé ByCommute

Quentin, étudiant ingénieur à Phelma (Grenoble INP), et Guillaume, en master à Grenoble IAE ont lancé ByCommuteDR

Autre argument : les box, accessibles avec un code personnalisé pour chaque utilisateur (pour plus de sécurité), sont fabriqués à partir d'anciens containers maritimes ne répondant plus aux normes d'étanchéité pour prendre la mer. Rien ne se perd, tout se recycle !

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Quentin confie avoir suivi avec intérêt le discours des jeunes diplômés d'AgroParisTech , qui a fait le tour de la Toile. « J'ai trouvé ça osé de leur part, j'ai aimé leur geste, ils sont partis dans quelque chose de totalement différent, qui a du sens pour eux. Je suis d'accord sur le fait que, souvent, en sortant d'école d'ingénieurs, si l'on part travailler dans un grand groupe, on aura peu d'impact sur la dimension écologique et les valeurs que l'on veut défendre », confirme-t-il.

En revanche, l'étudiant-entrepreneur estime avoir lui aussi trouvé sa voie, grâce à son projet : « C'est l'avantage de lancer sa propre entreprise. On peut ainsi aussi choisir la direction que l'on va prendre… »

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Laura Makary

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