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Déchets, rebuts, invendus… Le design recolle les morceaux

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Publié le 24 octobre 2022 à 06h07, modifié le 26 octobre 2022 à 13h25

Temps de Lecture 7 min.

Les assises imaginées il y a trois ans par le designer Harry Nuriev pour Balenciaga. Elle sont garnies de vêtements détériorés ou invendus enveloppés dans du vinyle transparent.

La foire Design Miami est sans conteste le baromètre annuel le plus exclusif et le plus pointu du secteur. A chaque édition, début décembre, dans la plus grande ville de Floride, on y devine la ­direction que prendront les créateurs. Il y a trois ans, était exposée une collection signée par l’architecte et designer russe Harry Nuriev pour Balenciaga. Des sofas, coussins et fauteuils composés de vêtements abîmés ou invendus de la marque encapsulés dans des housses en vinyle transparent. A l’époque, un communiqué détaillait « la volonté de Balenciaga d’intégrer des programmes visant à réhabiliter les déchets et à contribuer à l’économie circulaire ». Harry Nuriev raconte : « Habituellement, les invendus sont brûlés. J’ai alors eu l’idée de les transformer en sofa, un projet symbole de l’urgence à offrir une seconde vie aux objets censés finir à la poubelle. »

S’il s’agissait d’une création manifeste, qui n’avait pas vocation à être éditée pour le grand public, le projet était emblématique d’un mouvement de fond qui a vu les figures du design et les grands éditeurs se convertir au réemploi et à l’upcycling. Soit un usage des matériaux disponibles en les modifiant le moins possible pour consommer le moins d’énergie et de matière possible. Un impératif alors que chaque année, en France, environ 1,7 million de tonnes de mobilier sont jetées, et à l’heure où la planète croule sous les objets mais manque de matière première…

Sortir de la standardisation

Ce qui est aujourd’hui un enjeu majeur a d’abord été une expérimentation, voire une élucubration arty. Ainsi du Hollandais Piet Hein Eek, qui dessine et fabrique depuis trente-trois ans des meubles issus de chutes de bois. Un modèle florissant qui lui a permis d’investir en 2010 un ancien complexe de l’entreprise d’électronique Philips, le Strijp R, sur 1 hectare, dans la banlieue d’Eindhoven. Une surface importante, un pari à l’époque, mais qui aujourd’hui tourne à plein régime avec 70 employés, dont 40 spécialisés dans la fabrication du mobilier de récupération. Si Piet Hein Eek a longtemps été seul à emprunter cette voie baroque, à l’exception de quelques jeunes designers à une échelle expérimentale, la prise de conscience de la raréfaction des ressources a achevé de convaincre l’ensemble du secteur de suivre l’exemple du pionnier hollandais.

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Avec ses lunettes à l’épaisse monture ronde et noire, ses yeux pétillants et son air affranchi, Régine Charvet-Pello est une designer confirmée qui multiplie les projets d’ampleur, comme l’aménagement du tramway de Tours. Au-delà du dessin de mobilier, cette sexagénaire a développé une pratique plus sensorielle avec l’association Valesens, qu’elle a fondée en 2005, qui ambitionne d’ancrer le design dans le territoire tourangeau. Son dernier projet ? Une résidence dans la recyclerie de Saint-Antoine-du-Rocher (Indre-et-Loire) confiée à un jeune designer, qui a imaginé une série de pièces issues de mobilier endommagé et abandonné.

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