Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Entre école publique et école privée, les chiffres de la fracture sociale

Les indices de position sociale des collèges (IPS), que l’éducation nationale a été contrainte de rendre publics, confirment que le privé concentre les élèves les plus favorisés, notamment à Paris et dans les grandes villes.

Par  et

Publié le 08 novembre 2022 à 06h00, modifié le 08 novembre 2022 à 16h32

Temps de Lecture 6 min.

Article réservé aux abonnés

Lors d’un cours d’espagnol au collège Emile-Zola, à Toulouse, le 8 février 2022.

Cet article peut être écouté dans l’application « La Matinale du Monde »

L’école française s’oriente-t-elle vers un système à deux vitesses, avec une école privée réservée aux enfants privilégiés, et une école publique accueillant tous les autres ? L’analyse des indices de position sociale (IPS) des collèges privés et publics oblige à se poser la question. Mi-octobre, l’éducation nationale a été contrainte de rendre publics les IPS des collèges et des écoles élémentaires, à la suite d’un recours déposé devant le tribunal administratif de Paris par le journaliste Alexandre Léchenet. La modélisation de ces données révèle de fortes disparités entre collèges publics et privés, ces derniers concentrant les enfants les plus favorisés, en particulier dans les grandes agglomérations.

L’indice de position sociale d’un collège reflète son profil moyen : les plus faibles valeurs correspondent aux établissements accueillant les élèves les plus défavorisés, et les plus fortes reflètent les configurations sociales, économiques et culturelles des collèges les plus privilégiés. L’IPS du collège correspond à la moyenne de l’IPS de chacun de ses élèves, lui-même calculé selon une méthodologie établie et publiée par les services statistiques de l’éducation nationale (la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, DEPP) en fonction des catégories socioprofessionnelles des deux parents, de leurs diplômes, des conditions de vie (revenus, type de logement, etc.), du capital et des pratiques culturelles, aussi bien que de l’ambition et de l’implication des parents dans la scolarité de leur enfant.

L’IPS national moyen des collèges s’élève à 103,36 – de 51,3 au plus bas, dans l’académie de Guyane, jusqu’à 157,6 pour l’établissement à l’IPS le plus élevé de France, dans l’académie de Versailles. Parmi les 10 % de collèges à l’IPS le plus faible (indice à moins de 82,3), on ne compte que 23 établissements privés sous contrat, soit 3,3 % de ces 696 collèges. A l’inverse, parmi les 10 % de collèges à l’IPS le plus élevé (plus de 124,8), on dénombre 424 établissements privés sur ces 696 collèges, soit 60,9 % d’entre eux. Ce ratio s’élève à 81 % pour les 100 collèges aux plus hauts IPS (plus de 143,8) et à 90 % pour les 10 premiers.

Les collèges privés dans le haut du panier
Classement des collèges selon leur indice de positionnement social (IPS) et leur secteur :
Public
Privé sous contrat
Chaque ligne de ce graphique représente un collège, public ou privé sous contrat, classé par ordre croissant selon son indice de positionnement social. Vers la gauche, ceux dont l'IPS est inférieur à la moyenne des établissements (103,36), à droite au-dessus. Données concernant l'année scolaire 2020-2021.
<< Les plus défavorisés
Les plus favorisés >>
Lire aussi Article réservé à nos abonnés A Paris, le collège au défi de la mixité sociale

L’incontestable concentration des élèves les plus favorisés dans les établissements privés révèle cependant de fortes disparités territoriales, les grandes villes présentant à la fois les plus forts taux de ségrégation et les IPS les plus élevés par rapport à la moyenne du pays. Contrairement à une idée répandue, cette ségrégation ne se limite pas à Paris, capitale connue pour ses établissements privés prestigieux. Elle s’étend à tous les grands centres urbains, qui combinent une plus forte concentration de CSP + et une plus grande liberté de choix – les établissements scolaires étant plus nombreux sur des territoires restreints. C’est d’ailleurs pourquoi, dans les grandes villes, la répartition des collégiens montre aussi des disparités entre collèges publics : on peut y constater des différences de 40 points entre l’IPS moyen de deux établissements situés à quelques centaines de mètres l’un de l’autre.

Il vous reste 68.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.