« Un peu plus de temps pour se préparer à entrer dans la vraie vie d’adulte »

Léa, 21 ans, étudiante en kinésithérapie

« Dans mon domaine, la durée du cursus est passée il y a quelques années de trois à cinq ans. On voit plus ou moins le même programme qu’avant mais de façon plus étalée, avec en prime davantage de périodes de stage. Cela permet d’apprendre de façon plus sereine et aussi de prolonger un peu la parenthèse très agréable des études. Cela donne un peu plus de temps pour se préparer psychologiquement à entrer dans la vraie vie d’adulte. »

« L’expérience pratique que m’apporte l’alternance compense l’absence de diplômes élevés »

Amandine, 18 ans, élève de terminale en lycée professionnel

« L’école ne m’attire pas. Alors, j’ai choisi de préparer en alternance mon bac pro services aux personnes et aux territoires, un secteur qui manque beaucoup de bras. Je partage mon temps entre le lycée et le terrain. J’ai travaillé dans une résidence pour seniors, dans une école, dans un centre de loisirs…

Pour devenir animatrice, ce qui est mon but, je n’ai pas besoin de prolonger mes études au-delà du bac. Et il est probable que j’arrête à la fin de l’année. Je me dis que je pourrai toujours reprendre une formation dans quelques années si j’en ai assez de ce métier. Et puis, me semble-t-il, pour un employeur, l’expérience pratique que m’apporte l’alternance compense l’absence de diplômes élevés. »

« Tout dans la société nous pousse à faire des études longues »

Christophe, 19 ans, en deuxième année de licence d’anglais

« Actuellement en deuxième année de licence d’anglais, je cherche à me réorienter et à rejoindre la filière communication. Si j’y parviens et si ce domaine me plaît, j’irai jusqu’au bout. C’est-à-dire, pour moi, jusqu’au master.

Ce diplôme mène à de meilleurs emplois, à une meilleure position sociale que la licence. Ma mère, qui a quitté le système éducatif avec un bac pro et qui travaille aujourd’hui comme maraîchère, serait déçue que je n’aille pas jusqu’au bac + 5.

Tout dans la société nous pousse à faire des études longues. Ce n’est pas un souci pour moi qui habite chez ma mère et bénéficie de son soutien financier. Mais une ou deux années d’études en plus, c’est long et lourd pour beaucoup de mes amis, qui sont obligés de travailler parallèlement à la fac, et qui malgré cela, vivent quasiment dans la précarité. »

« Une forme de sélection insidieuse, par l’usure »

Antoine, père de deux étudiants de 23 et 25 ans, respectivement en droit et en médecine

« J’ai le sentiment qu’avec l’allongement des études, on fait durer le plaisir de façon un peu gratuite. Qu’avec une année ou deux de plus, on n’apprend pas forcément davantage. Pire : en parallèle à la démocratisation des études supérieures s’est mise en place une forme de sélection insidieuse, par l’usure, en particulier durant les premières années d’université, où le rythme d’apprentissage est peu soutenu.

Cette sélection repose aussi sur la capacité ou l’incapacité à financer des études longues. J’ai vu autour de moi plusieurs jeunes adultes, enfants d’amis, qui faute de moyens financiers ont fini par abandonner leur cursus en cours de route. »