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Pauline Grosjean : « Les femmes tirent aujourd’hui plus de sens de leur travail que les hommes »

Les hommes et les femmes ne sont pas logés à la même enseigne face à la « grande démission », particulièrement en bas de l’échelle des salaires, analyse l’économiste dans sa chronique.

Publié le 16 novembre 2022 à 08h30, modifié le 16 novembre 2022 à 08h30 Temps de Lecture 2 min.

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La nature du travail a fortement changé au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. Les hommes ont quitté les secteurs agricoles et industriels pour occuper des métiers plus spécialisés, plutôt dans le secteur des services. Les femmes, elles, ont rejoint les rangs des cadres et des spécialistes. Mais comment le rapport des individus à leur travail a-t-il évolué ? Répondre à cette question semble particulièrement important aujourd’hui, alors que le niveau historiquement faible du chômage et la « grande démission » exercent de fortes tensions sur le marché du travail et sur l’inflation.

Une vision réductrice du travail basée essentiellement sur la rémunération n’apporterait cependant qu’une réponse partielle. Comme l’expliquait le psychanalyste autrichien Viktor Frankl (1905-1997) dans Man’s Search for Meaning : An Introduction to Logotherapy
(Beacon Press, 1962), la quête de sens, plutôt que la quête d’argent, de plaisir ou de pouvoir, est la principale motivation humaine. Aussi est-il important de comprendre comment le sens du travail a évolué, et les inégalités que cette évolution a pu générer (« The Gender Gap in Meaningful Work : Explanations and Implications », de Vanessa Burbano, Olle Folke, Stephan Meier et Johanna Rickne, CEPR Working Paper DP17634).

Le sens du travail tel que défini par cette étude est constitué de quatre dimensions : l’autonomie ; la compétence – le sentiment d’utiliser pleinement ses connaissances et ses capacités –, les relations sociales au travail et le sentiment de contribuer à la société de manière positive. Il s’avère, selon cette étude, que les hommes ont subi une forte perte de sens au travail au cours des dernières décennies, en particulier concernant la dernière de ces quatre dimensions. Cette perte de sens a principalement affecté les hommes peu éduqués, dans des professions peu rémunérées. Alors que, pour les femmes, le sens du travail a peu évolué. Ainsi, les femmes tirent aujourd’hui plus de sens de leur travail que les hommes, bien qu’elles gagnent toujours moins qu’eux en moyenne.

Effets politiques

Les femmes, plus que les hommes, occupent en effet des métiers perçus comme contribuant de façon positive à la société, par exemple l’enseignement ou les métiers de soins. De plus, bien que les femmes et les hommes perçoivent le sens social des métiers de la même façon, les femmes qui exercent des métiers plus positifs pour la société en tirent plus de bien-être que les hommes. Autrement dit, une infirmière et un infirmier s’accordent sur la valeur sociale de leur profession, mais les infirmières en retirent plus de bien-être. Cela s’explique, selon les auteurs, par les stéréotypes de genre et la faible rémunération de ces occupations. Les hommes souffrent non seulement du fait que ces métiers soient perçus par la majorité comme des métiers féminins, mais encore plus du fait que ces emplois soient peu rémunérés, étant donné que les hommes accordent, en moyenne, plus d’importance à la rémunération que les femmes.

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