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La Vendée, une terre de quasi-plein-emploi qui cherche encore à recruter

Malgré les incertitudes, les entreprises vendéennes maintiennent des plans de recrutement massifs. Tous les leviers sont activés pour attirer des candidats devenus très rares.

Beneteau, qui s'appuie sur un important centre de formation interne, devrait réussir à boucler le plan recrutement qu'il s'était fixé pour 2022.
Beneteau, qui s'appuie sur un important centre de formation interne, devrait réussir à boucler le plan recrutement qu'il s'était fixé pour 2022. (Julien Gazeau)

Par Emmanuel Guimard

Publié le 22 nov. 2022 à 12:00

En Vendée, le candidat à l'emploi est roi. Malgré les menaces sur l'économie, ce département des Pays de la Loire reste une terre de quasi-plein-emploi, grâce à un tissu de PME et d'ETI très dynamique. Le taux de chômage de la zone des Herbiers-Montaigu, en particulier, ne dépasse pas 3,5 %. Le plus bas de France. Au troisième trimestre, le nombre de demandeurs d'emploi a certes connu un léger sursaut (de 2,2 %), mais il est en baisse de 10 % sur un an.

Pour les entreprises du bocage vendéen, la priorité est de trouver des salariés. Cette rareté de la main-d'oeuvre bénéficie aux jeunes, aux seniors et aux chômeurs de longue durée. « Un signe que la situation a ouvert le marché de l'emploi à des personnes qui en étaient le plus éloignées », mentionne Anne Dauchez, directrice territoriale de Pôle emploi en Vendée. Entre juin 2021 et juin 2022, le nombre de recrutements en CDI a progressé de 31 % et le nombre d'offres d'emploi déposées de 41,3 %. L'agence affiche 3.000 offres à ce jour, et près de 14.000 avec ses partenaires.

« On trouve encore des salariés »

C'est dans l'agroalimentaire que l'on recherche les plus gros contingents. Bien qu'éprouvé par la crise aviaire, le volailler Maître Coq prévoit de 250 à 300 recrutements sur ses six sites vendéens, où 30 millions d'euros seront investis. Les besoins sont considérables chez les fabricants de menuiserie et de vérandas. Et la filière mode bute, elle aussi, sur le manque de candidats, à l'instar de Getex, spécialiste de la doudoune, ou Bleu Océane, expert de la toile denim.

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« Pourtant, même aux Herbiers, on arrive encore à trouver des salariés, même si ce n'est pas exactement la personne que l'on souhaitait et si ce recrutement ne se fait pas tout de suite », tempère Anne Dauchez, qui conseille aux entreprises d'aller à la rencontre des candidats, de bien montrer leur marque employeur et d'adapter leur stratégie RH, notamment sur les méthodes de management de proximité.

« Beaucoup de recherche »

C'est le cas de Beneteau, qui tend à recruter davantage en CDI et travaille sur la polycompétence afin de pouvoir affecter ses salariés sur différents métiers en cas de baisse d'activité. Le leader français du nautisme, qui s'appuie sur un important centre de formation interne, devrait réussir à boucler le plan recrutement d'environ 500 salariés en CDI qu'il s'était fixé pour 2022, 80 % de ces embauches s'effectuant en Vendée et à Cholet (Maine-et-Loire). Selon Calixte de la Martinière, son DRH, les recrutements se poursuivront en 2023, de l'ordre de 300 à 500 postes. Les sites vendéens sont positionnés sur les grands bateaux, où le carnet de commandes est bien rempli.

Les industriels vendéens n'ont donc pas d'autre choix que de travailler leur image et leur visibilité, à l'instar de Gautier France, en pointe dans ce domaine. « Les gens qui rejoignent l'entreprise font beaucoup de recherche pour savoir là où ils vont aller et, désormais, les opérateurs vont aussi sur LinkedIn », constate David Soulard, directeur général de ce fabricant de meubles, qui a ouvert 30 postes au recrutement. Impossible pour une entreprise de manquer les Salons de l'emploi locaux. En septembre, celui des Herbiers a réuni 170 recruteurs pour 1.000 offres. Pour être attractif, Beneteau n'hésite pas à déplacer des bateaux sur ces Salons.

Les salaires remontent

La concurrence impose un effort sur les salaires. Le groupe Atlantic, spécialiste du confort thermique, fait savoir qu'il a revalorisé les rémunérations de 2,5 % en janvier, de 2 % en juillet et de 1,5 % en octobre. « Le principe est de maintenir le pouvoir d'achat tant que les résultats de l'entreprise le permettent », énonce Fabrice Dehai, le directeur du site de La Roche-sur-Yon, qui a réalisé 130 recrutements cette année. 200 à 250 embauches supplémentaires sont envisagées.

Ayant aussi remonté les salaires, Cougnaud , spécialiste du bâtiment modulaire, recherche 50 salariés. Sur un effectif de 1.500 personnes, cela semble peu, « mais cela nous bloque un peu en termes de performance et de production », explique Eric Cougnaud, président de ce groupe familial. « Il faut donc jouer sur tous les paramètres pour recruter », soutient-il, citant un accord avec l'agglomération pour des navettes desservant son pôle industriel tôt le matin. L'entreprise a musclé son dispositif de formation en petites promotions sur les métiers de la soudure, de la peinture, de la pose de revêtement…

De l'avis général, le logement reste l'un des principaux goulets d'étranglement pour recruter. Certaines solutions émergent, comme celle du bailleur social Podeliha, qui investit 3,7 millions à Chanverrie dans vingt maisons démontables pour accueillir les nouveaux salariés. Mais c'est une goutte d'eau par rapport aux besoins. Et d'une façon générale, les employeurs savent que les salaires des ouvriers ne facilitent pas la mobilité.

La Boulangère, qui propose 50 postes dans ses usines vendéennes, mise sur une campagne d'affichage locale sur 250 panneaux à proximité de ses sept sites de fabrication. « Nous avons constaté que la distance entre le domicile et lieu de travail était un élément clé et décisif dans le choix d'un poste », explique Laurence Sauzeau, DRH de ce fabricant de pains et brioches. Au-delà de 30 kilomètres autour d'une usine, les chances de recruter sont faibles.

A ces plans de recrutement s'ajoutent les embauches « dans le tissu plus diffus des PME et TPE », ajoute Anthony Valentini, ex-directeur de la CCI de Vendée. Ce dernier, qui s'apprête à prendre la direction de CCI France, attribue le dynamisme vendéen « à une vision de long terme de chefs d'entreprise qui vivent en Vendée et qui sont là pour durer ». Il évoque aussi la culture de réseau et d'associations qui anime le département, ainsi qu'un « alignement des acteurs économiques et politiques qui tirent dans le sens de la croissance ».

Emmanuel Guimard (Correspondant à Nantes)

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