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L'opération séduction de Bercy pour pousser les filles vers l'industrie

Le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, était à Bercy en fin de semaine, au côté de son homologue Roland Lescure, pour vanter les métiers de l'industrie. Pour ouvrir le champ des possibles, Pap Ndiaye entend « rénover le stage de 3e ».

Les ministres Roland Lescure et Pap Ndiaye avec des jeunes à Bercy.
Les ministres Roland Lescure et Pap Ndiaye avec des jeunes à Bercy. (Marie-Christine Corbier pour Les Echos)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 28 nov. 2022 à 08:01Mis à jour le 28 nov. 2022 à 08:09

« Mesdemoiselles, il faut que vous rentriez dans l'industrie ! », a lancé, jeudi, le ministre délégué chargé de l'Industrie, Roland Lescure, face à quelque 1.000 collégiens et lycéens invités à Bercy pour un mini-salon de découverte des métiers. Roland Lescure était au côté de son homologue à l'Education. « Il n'y a pas assez de filles dans l'industrie ! », a insisté Pap Ndiaye.

« Vous savez que les métiers de l'industrie sont de moins en moins pénibles ? », a poursuivi Roland Lescure. « Avant, c'était dur, mais maintenant c'est de plus en plus technologique, ça dépollue, c'est sympa, on participe à l'avenir de la société, donc il faut s'y intéresser. »

Connaître « une cinquantaine de métiers »

En marge du salon de l'Education, vendredi, Pap Ndiaye a déploré qu'en fin de 3e, les collégiens ne soient capables de nommer que « dix à vingt métiers au mieux ». « Nous souhaitons [qu'ils] puissent avoir des idées qui les mènent vers une cinquantaine de métiers. Pour cela, il faut faire des efforts, y compris rénover le stage de 3e », a-t-il affirmé.

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Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait indiqué vouloir faire de « l'orientation », une priorité. L'ouverture aux entreprises devait conduire à refondre l'enseignement de technologie en une demi-journée hebdomadaire dite « Avenir » , avec des interventions de professionnels. Seuls 140 collèges, sur près de 7.000 au total, l'expérimentent depuis septembre.

« A la rentrée 2023, en fonction des enseignements de cette phase expérimentale, on passera à une échelle supérieure », a promis Pap Ndiaye, depuis Bercy. Entre deux séances de selfies avec collégiens et lycéens, le ministre répétait inlassablement vouloir « beaucoup plus de mixité » dans les spécialités scientifiques - et littéraires.

« Une vision romantique du monde professionnel »

« Venez voir Robocop ! », a-t-il lancé aux jeunes en arrivant sur le stand de Wandercraft, fabricant d'exosquelettes médicaux. Une démonstration montrait un homme qui se lève de son fauteuil roulant grâce au robot. De quoi « susciter des vocations », glisse un professeur.

« Nous, enseignants, avons une idée du monde professionnel assez artisanale ou romantique, confie Richard Picon, professeur principal et de français à Brunoy (Essonne). Pouvoir les aider à s'orienter vers l'industrie, cela nécessite ce type de salon, pour montrer la diversité de ce qui les attend quand ils seront sur le marché du travail. »

« Agir dès l'école primaire »

Sur le stand de l'association « Elles bougent », dont l'objet est d'attirer les femmes vers les filières et carrières scientifiques et technologiques, le ministre de l'Education a évoqué l'importance que des femmes se rendent dans les établissements pour raconter leur parcours. L'association voudrait « agir dès l'école primaire ». Pap Ndiaye a promis « une grande campagne de mobilisation à partir de la rentrée 2023 », avec « des objectifs cibles à atteindre » pour les chefs d'établissement , sur ces filières.

« Il est temps qu'on fasse entrer l'industrie dans l'école et l'école dans l'industrie », a insisté Roland Lescure. « Il faut que les usines s'ouvrent aux jeunes et que les jeunes s'ouvrent à l'usine, pour réindustrialiser le pays », a-t-il encore dit avant de lancer aux élèves : « L'industrie, en plus, ça paie bien ! Si vous voulez fabriquer des choses, être bien payé, voyager, vous éclater, allez dans l'industrie ! »

Annwenn, « super heureuse » de s'être engagée dans un bac professionnel de chaudronnerie dans son lycée de Chartres, rêve de travailler sur les sous-marins. Dans sa classe de terminale qui n'accueille que deux filles, elle dit avoir su se faire respecter. Mais les difficultés sont ailleurs. « Les stages, ce n'est pas facile à trouver pour une fille, confie-t-elle. Souvent, on me dit qu'on n'a pas de vestiaire pour moi voire que je ne suis pas assez forte, physiquement… » « On entend parfois des choses incroyables concernant les filles », confirme son professeur principal, Marc Lourdelle, au-delà des « difficultés, pour tous, à trouver des stages ». « L'entreprise, ce n'est vraiment pas facile », insiste la jeune femme.

Marie-Christine Corbier

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