C’est un projet monumental qui couve dans une des dépendances du château de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Il s’agit de la rénovation de onze bâtiments des XVIIIe et XIXe siècles situés au sud du Grand Canal : le quartier des Héronnières. Ancienne écurie royale bâtie pour Louis XV et transformée en caserne au XIXe siècle, cet espace de 12 000 mètres carrés pourrait avoir une troisième vie. Il s’agirait d’accueillir un immense campus consacré aux arts où des étudiants internationaux viendraient étudier le design, le cinéma, la musique… Autour des bâtiments classés monuments historiques, aujourd’hui en ruine et propriété de l’Etat, le projet porté par le consortium International Arts Campus (IAC) est choisi en 2020 par le ministère de la culture. Il prévoit la construction de 3 000 logements étudiants, des espaces de restauration, des salles d’exposition, un parc et un espace événementiel, pour un investissement total de 113 millions d’euros.
Les promoteurs espèrent un lancement prochain des travaux. Mais un référé adressé en juillet par la Cour des comptes (CDC) à la ministre de la culture, Rima Abdul-Malak, pourrait ralentir le processus. Dans un document de quatre pages signé par le président de la CDC, Pierre Moscovici pointe « un projet imparfaitement instruit », ou « l’opacité de l’actionnariat du consortium », et met en garde contre des risques financiers « insuffisamment évalués ». Ils recommandent au ministère de la culture de revoir sa copie et de « procéder à une expertise approfondie de la viabilité du projet. » Aussi, au-delà de l’aspect économique, la CDC interroge « l’opportunité et la pertinence » d’un campus d’écoles d’art et rappelle la responsabilité du ministère en matière d’enseignement supérieur artistique.
Mais la qualité des enseignements qui seraient délivrés au sein de ce campus des arts n’est pas au centre des préoccupations de la Rue de Valois. Un des éléments qui a séduit le ministère de la culture lorsqu’il a désigné IAC, lauréat de l’appel à projet, c’est la possibilité de faire rénover le site classé, sans bourse délier. En effet, le consortium s’engage à investir 40 millions d’euros pour remettre sur pied les ruines des Héronnières contre un bail emphytéotique de soixante-dix ans. En échange, il obtiendra la cession d’une parcelle pour y construire une résidence étudiante de 1 100 places. Il reste néanmoins à trouver l’espace pour construire 1 900 logements supplémentaires sur les 3 000 espérés, condition sine qua non pour parvenir à l’équilibre financier selon les promoteurs.
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