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Rénovation énergétique : les universités ont besoin d'au moins 7 milliards d'euros

Les universités rénovent à rythme soutenu leurs bâtiments depuis plusieurs années. Toutefois, la hausse de l'énergie complique le financement de ces investissements. En 2023, leur facture d'énergie pourrait augmenter de 700 millions d'euros par rapport à 2021.

L'université d'Albi a fait entièrement recouvrir de panneaux photovoltaïques le toit d'un de ses bâtiments.
L'université d'Albi a fait entièrement recouvrir de panneaux photovoltaïques le toit d'un de ses bâtiments. (DR)
Publié le 23 nov. 2022 à 06:02Mis à jour le 23 nov. 2022 à 10:04

Le patrimoine immobilier des universités est « encore dégradé ». L'état des lieux, préoccupant, est dressé par la Cour des comptes dans un rapport d'octobre 2022. Avec plus d'un tiers du parc dans un état « pas ou peu satisfaisant », les universités font face à un défi de taille, celui de leur rénovation. Les besoins sont immenses, estimés à 7 milliards d'euros par le ministère et à 15 milliards par France Universités.

Dans un contexte de « progression exponentielle des dépenses énergétiques » - France Universités estime à plus de 700 millions d'euros le surcoût de la facture 2023 par rapport à 2021 -, le financement s'avère plus compliqué, bien que déterminant sur le long terme. Selon la Cour des comptes, seul un quart des 74 universités françaises a planifié une stratégie énergétique et de maîtrise d'ouvrage des bâtiments.

Rénover les passoires thermiques universitaires

L'université de Bourgogne travaille depuis près de dix ans sur la rénovation de son patrimoine immobilier. « Nous avons fait de gros travaux pour l'essentiel : changement des menuiseries, isolation des façades et des toitures, changement des chauffages… », résume Philippe Perrot, vice-président délégué au patrimoine. Une rénovation de fond en comble pour les six campus de l'université (Auxerre, Chalon-sur-Saône, Dijon, Le Creusot, Mâcon et Nevers). Ainsi, pour le très fréquenté bâtiment de Droit et Lettres à Dijon, 6,9 millions d'euros ont été dépensés en travaux, financés en partie par l'université mais aussi par la Région et le plan de relance. Le gain espéré sur la facture énergétique s'élève à 85.000 euros par an.

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Du côté d'Albi où l'Institut national universitaire Champollion a été installé sur le site d'une ancienne caserne de 1890, les travaux d'isolation ont été effectués par l'intérieur pour préserver la façade historique des bâtiments principaux. « Nous avons doublé les murs et changé toutes les menuiseries, le tout pour 840.000 euros dans le cadre du Contrat de plan Etat-Région 2015-2020 », décrit Olivier Glénat, directeur général des services.

Sur le seul bâtiment Emile Borel (7.700 m²), jusqu'à 72 % de la consommation énergétique pourrait être économisée grâce à une meilleure isolation et un changement de chaudière. « C'était un bâtiment ancien, très passoire thermique. Sur les plus récents, qui avaient déjà bénéficié d'améliorations, on attend 20 à 30 % de gain de consommation », développe Olivier Glénat. Pour continuer de réduire la facture, les établissements d'enseignement supérieur peuvent aussi se tourner vers les énergies renouvelables. Lors d'un agrandissement, l'université d'Albi a recouvert une toiture de panneaux photovoltaïques. La production d'électricité permettra de chauffer la totalité du bâtiment concerné.

Financer les travaux grâce aux économies

A Nantes, l'université a préféré multiplier les petites transformations : désembouage des réseaux de chaufferie pour un coût de 210.000 euros ; opération de relamping, c'est-à-dire le remplacement de tout l'éclairage des 22 bâtiments, pour 692.000 euros… l'université ambitionne d'économiser jusqu'à 300.000 euros par an. « Ce sont des travaux à retour sur investissement court. Toutes les actions sont bonnes et vertueuses, même celles plus fines qu'un plan de réhabilitation, comme le relamping », assure Jean-Louis Kerouanton, vice-président chargé du patrimoine durable.

L'université de Nantes va poursuivre son effort. Des travaux de rénovation dans une douzaine de bâtiments seront engagés pour un total de 2,8 millions d'euros, financés par la technique de l'intracting avec le soutien de la Banque des territoires. Les économies générées rembourseront les avances d'investissement, voire iront financer d'autres travaux. « Ces projets sont en lien avec les usages, pour continuer la logique de comptage, de connaissance fine de nos consommations », résume Jean-Louis Kerouanton. L'intracting est une technique utilisée par les collectivités publiques. Neuf autres universités y ont déjà eu recours : Caen, Cergy-Pontoise, Tours, Clermont, Angers , Rennes 1, Reims-Champagne-Ardenne, Aix-Marseille-Université et Paris 8, selon le rapport d'octobre 2022 de la Cour des comptes.

Avant d'atteindre la rénovation générale des universités, le « chemin reste long » conclut la Cour des comptes dans son rapport. Pour passer l'hiver et maîtriser leur facture énergétique, certaines ont annoncé des périodes de fermeture , comme l'université de Strasbourg dont la rentrée 2023 a été reportée au 9 janvier. A court terme, la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, auditionnée par le Sénat, a annoncé une enveloppe d'aide de 275 millions d'euros.

Juliette Soulignac

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