votre vie votre avis« On défendait les opprimés »…. Leurs souvenirs de délégués de classe

Education : « On défendait les opprimés »… Ils racontent leurs souvenirs de délégués de classe

votre vie votre avisLes conseils de classe ont démarré à la fin du mois de novembre et devraient encore être des moments mémorables pour les délégués de classe
Toute l’année, les délégués jouent le rôle de porte-paroles des élèves en cas de problème relatif au fonctionnement pédagogique de la classe.
Toute l’année, les délégués jouent le rôle de porte-paroles des élèves en cas de problème relatif au fonctionnement pédagogique de la classe. - Canva / Canva
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Les conseils de classe du premier trimestre, qui ont démarré fin novembre, donnent un rôle important aux délégués de classe.
  • Elus par leurs camarades pour les représenter, ces derniers jouent les intermédiaires entre les élèves et les enseignants.
  • Nos lecteurs, anciens élus, évoquent leurs souvenirs de délégués… Plus ou moins bons, mais souvent marquants.

Le rendez-vous est arrivé ! Les conseils de classe du premier trimestre ont démarré fin novembre. Un moment important pour les délégués de classe, qui doivent écouter attentivement toutes les remarques des profs, prendre des notes, défendre certains camarades et faire remonter des problèmes que rencontre la classe. Charge à eux ensuite de rapporter les propos des profs aux élèves. Les délégués participent aussi aux conseils de discipline. Et toute l’année, ils jouent le rôle de porte-paroles des élèves en cas de problème relatif au fonctionnement pédagogique. Ils sont aussi le relais des profs en cas de changement d’emplois du temps, de consignes à partager…

Un rôle de médiateur qui nécessite de savoir prendre la parole et argumenter en public, mais aussi d’être empathique, dynamique, attentif. Des responsabilités qui n’effraient pas les élèves, comme le montrait une étude* Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) publiée en décembre 2021 : selon celle-ci, un quart des élèves de 13 ou 14 ans ont été élus délégués de classe depuis leur entrée au collège. Les collégiens issus de milieux plus favorisés s’engagent plus fréquemment : 30 % des enfants de cadres, mais seulement 21 % de ceux d’ouvriers non qualifiés ont été élus délégués pendant leurs années collège.

« J’ai adoré mon rôle de représentante de mes camarades »

Beaucoup se souviennent avec nostalgie de ce rôle qu’ils ont pris très sérieux. C’est le cas de Julie, qui a répondu à notre appel à témoins et qui a une longue expérience de déléguée, puisqu’elle l’a été de la 6e à la terminale : « J’ai adoré mon rôle de représentante et de soutien de mes camarades aux conseils de classe. J’ai même dû aller parler en faveur d’un élève lors d’un conseil de discipline. C’était très enrichissant et valorisant d’être la référente de mes camarades. » C’est surtout la forte tension qui accompagne les conseils de classe qui laisse les souvenirs les plus mémorables : coups de gueule, fous rires, moments d’émotion, incidents… Fabienne, qui a été déléguée de le 5e à la 3e, a plein d’images qui lui remontent en mémoire : « Je me souviens de duels conséquents avec certains professeurs qui ne nous prenaient pas au sérieux ou qui abandonnaient certains élèves car ils n’étaient pas bons dans leurs matières. Je me souviens aussi, en 3e, d’avoir aidé au passage de deux ou trois camarades en seconde, en comparant leurs notes et leurs appréciations avec celles d’autres élèves ».

Etre délégué, c’est aussi apprendre à travailler en équipe avec un autre représentant. Ce qui fait naître parfois des amitiés inattendues. Marie a eu cette chance en 6e : « J’étais première de la classe, ce qui me conférait une certaine légitimité auprès des professeurs, et je faisais équipe avec un élève qui lui était plutôt un costaud, un peu voyou. On était complémentaire. On défendait les opprimés. Je crois que c’était mon tout premier collègue de travail en fait ! Par la suite, dans ma vie pro, j’ai été déléguée du personnel. »

« Au final, je ne servais pas à grand-chose »

Et lorsqu’ils ont l’impression d’être utiles, les délégués en retirent une certaine fierté. A l’instar de Quentin, qui évoque toujours avec plaisir l’une de ses petites victoires : « En terminale ES, dans un lycée privé catholique très strict, nous avons réussi avec deux autres délégués d’autres classes à négocier un départ en classe verte à Amsterdam… à des fins culturelles. Sous couvert de visites de musées, nous avons bien profité des autres atouts de la ville, moins culturels ceux-là ! » Fabienne aussi avait l’impression d’être quelqu’un dans sa classe : « J’étais appréciée et les élèves n’hésitaient pas à me venir me voir pour parler de leurs problèmes, mais aussi pour dire ce qui était bien (notamment les frites à la cantine). »



Plus rares sont les élèves qui n’ont pas eu une bonne expérience. Notamment parce qu’ils ne se sont pas sentis pris aux sérieux par l’équipe pédagogique. C’est le cas de Simon, que ses camarades ont élu en 4e et 3e et qui a également été représentant des élèves au conseil d’administration du collège : « Je n’ai pas de souvenir marquant des conseils de classe ou des conseils d’administration, comme si les vraies discussions se passaient ailleurs, et que ces réunions ne servaient qu’à formaliser des choses déjà décidées. Les parents d’élèves élus étaient plus engagés et osaient contredire les profs et l’administration pour défendre les élèves. »

Un sentiment d’inutilité partagé par Peter, qui a pourtant été délégué du CM1 à la 4e : « Cela devait sûrement flatter mon ego, mais au final, je ne servais pas à grand-chose », estime-t-il. Delphine, elle, a carrément gardé des mauvais souvenirs de cette expérience, lorsqu’elle était en 1re. « Après avoir assisté au conseil de classe, j’étais tellement dégoûtée des réflexions des profs sur les élèves que j’ai démissionné. C’était la première fois que les profs assistaient à cela ! » Car cette mission ne devrait jamais être un sacerdoce.

*Enquête réalisée par l’INJEP et la DEPP sur 12.243 élèves de 13 à 14 ans , d’avril à août 2019.

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