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Décryptage

Apprentissage : pourquoi le gouvernement ramène la prime à l'embauche à 6.000 euros

Mise en oeuvre à l'été 2020, l'aide de 5.000 euros pour le recrutement d'un mineur ou de 8.000 euros pour celui d'un majeur va être recalibrée à partir du 1 er  janvier. Son nouveau montant unifié favorisera les premiers niveaux de formation, restera incitatif pour les autres et allégera les finances publiques.

Plus de 800.000 contrats d'alternance seront signés en 2022 contre 730.000 en 2021, selon le ministère du Travail.
Plus de 800.000 contrats d'alternance seront signés en 2022 contre 730.000 en 2021, selon le ministère du Travail. (iStock)

Par Alain Ruello

Publié le 1 déc. 2022 à 18:21Mis à jour le 1 déc. 2022 à 19:18

Mise en oeuvre à l'été 2020, alors que l'épidémie de Covid faisait craindre un tsunami pour l'emploi des jeunes, la prime d'embauche exceptionnelle d'alternant en apprentissage ou en contrat de professionnalisation vit ses derniers jours. A compter du 1er janvier 2023, elle sera remplacée par une aide de droit commun ramenée à 6.000 euros, quels que soient les effectifs de l'entreprise, l'âge du jeune ou le diplôme poursuivi , contre 5.000 euros pour un mineur ou 8.000 euros pour un majeur actuellement.

« Cela reste extrêmement massif », a souligné ce jeudi le ministre du Travail, Olivier Dussopt lors d'une visite des établissements Maleville, menuiserie et ébénisterie d'art née en 1880 dans le 7e arrondissement de Paris (70 salariés dont 5 apprentis). « Une mesure de soutien fort », a renchéri la ministre déléguée en charge de l'Enseignement et de la Formation professionnels, Carole Grandjean.

La barre des 800.000

Pourquoi 6.000 euros ? Au-delà de sa simplicité, le montant est censé rebalancer l'apprentissage en faveur des premiers niveaux de qualification. Depuis la réforme de 2018 qui a complètement libéralisé le système, le nombre de nouveaux contrats d'apprentissage a explosé. Il est passé de 300.0000 à 730.000 en 2021 et la barre des 800.000 sera franchie cette année, a confirmé Olivier Dussopt.

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Mais cette envolée a été davantage portée par les diplômes du supérieur, même si les niveaux bac et infra, qui reculaient quand l'apprentissage était à la main des régions, sont repartis de l'avant.

Un triple objectif

En portant la prime à 6.000 euros, le gouvernement poursuit un triple objectif. Primo, il donne un coup de pouce supplémentaire, de 1.000 euros en l'occurrence, pour les embauches d'apprentis mineurs et donc aux premiers niveaux de qualification. En baissant de 2.000 euros celles des majeurs, il freine au contraire l'engouement pour les diplômes BTS ou au-delà. Le tout, tertio, en allégeant la facture pour les finances publiques. « Le montant actuel de la prime n'était pas soutenable », a reconnu Olivier Dussopt, pour qui le nouveau montant reste « très incitatif pour les apprentis majeurs et le devient plus pour les apprentis mineurs ».

Point très important, la prime de 6.000 euros devient une aide de droit commun unique. En clair, elle sera versée pour la première année d'exécution du contrat. Il n'y aura donc plus rien pour les deuxième et troisième années, comme avec l'aide unique préCovid (2.000 et 1.200 euros respectivement). Le sort de la contribution spéciale à l'apprentissage due par les entreprises de plus de 250 employés qui emploient moins de 5 % d'alternants n'est en revanche pas encore tranché.

L'U2P applaudit

Le communiqué officiel renvoie à tous les contrats signés jusqu'au 31 décembre 2023, mais à ce stade, le ministère du Travail assure que la mesure sera pérenne. Ce d'autant qu'Elisabeth Borne a fixé comme objectif 1 million de contrats signés par an d'ici là.

Grand employeur d'apprentis, l'U2P a applaudi à l'annonce. « La décision écarte le risque d'un arrêt brutal du développement de l'alternance en soutenant plus particulièrement les premiers niveaux de formation qui en ont le plus besoin », a déclaré le président de cette organisation patronale représentant les artisans, commerçants et professions libérales, Dominique Métayer.

Effets d'aubaine

Le directeur général de la menuiserie Maleville, Laurent Legoupil, ne refusera pas la prime. Pour autant, il assure qu'il pourrait s'en passer. Pointant du doigt les nombreux effets d'aubaine - ces employeurs qui la touchent sans jouer le jeu de la formation des apprentis -, il assure que son problème numéro un reste, de très loin, de trouver des jeunes prêts à se lancer dans le métier.

Aider les entreprises est important, aider les apprentis aussi, a réagi l'Association nationale des apprentis, l'Anaf. « La situation d'un grand nombre d'entre eux est compliquée […] Le gouvernement doit aller chercher les jeunes en difficulté pour lesquels l'apprentissage est une réelle solution d'insertion, pour atteindre l'objectif de 1 million », a plaidé son président, Aurélien Cadiou.

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Formation continue : concertation à venir

Le ministère du Travail ouvrira prochainement une concertation avec les partenaires sociaux sur la base du résultat de leur accord-cadre conclu il y a un an et suivi de différents groupes de travail thématiques. L'ensemble a fait l'objet d'une réunion de conclusion entre syndicats et patronat mercredi soir. Il contient 17 propositions pour adapter la réforme de 2018. Les plus importantes portent sur la régulation du compte personnel de formation (CPF). A ce titre, les partenaires sociaux refusent toute mise en oeuvre d'un reste à charge, contrairement à ce que le gouvernement envisage, préférant une sélection stricte dans les formations éligibles.

Alain Ruello

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