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Pénurie de chauffeurs : mobilisation générale dans les transports urbains

Les exploitants de transport urbain lancent une « campagne d'attractivité » et signent une charte avec les pouvoirs publics, alors que 3.000 à 4.000 chauffeurs manquent toujours à l'appel dans la France entière depuis la crise sanitaire.

Un bus dans le quartier Neudorf, à Strasbourg. La profession manque toujours de chauffeurs, obligeant les exploitants à aligner un service quotidien réduit par rapport à la normale.
Un bus dans le quartier Neudorf, à Strasbourg. La profession manque toujours de chauffeurs, obligeant les exploitants à aligner un service quotidien réduit par rapport à la normale. (Charles URBAN/REA)

Par Denis Fainsilber

Publié le 1 déc. 2022 à 17:47Mis à jour le 1 déc. 2022 à 18:38

Faire connaître les métiers du transport urbain « auprès des jeunes, des femmes, des demandeurs d'emploi et des salariés en reconversion » : telle est le sens de la « campagne d'attractivité » lancée jeudi par l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP), l'organisation professionnelle regroupant les entreprises du secteur, confrontée à un déficit de main-d'oeuvre depuis la crise sanitaire , en particulier chez les chauffeurs de bus.

A ce jour, il manque toujours 3.000 à 4.000 professionnels au niveau national pour pouvoir appliquer l'intégralité des plans de transport commandés par les diverses autorités organisatrices, sur un effectif total de 55.000. Au niveau parisien, le déficit commence toutefois à se résorber : la RATP annonce 1.100 recrues à fin octobre dans son secteur bus, sur les 1.500 recherchées, et l'entreprise présidée depuis peu par Jean Castex a reçu 6.000 CV en septembre-octobre, ce qui lui permettra de faire un tri qualitatif. De même à Lyon, l'exploitant TCL a vu ses candidatures tripler en quelques semaines.

« Mobilisation générale »

Mais la formation des candidats au volant prend du temps, et le patronat du secteur veut lutter contre certains préjugés ou images négatives. Présidente de l'UTP et de Keolis, la filiale spécialisée de la SNCF, Marie-Ange Debon a donc sonné « la mobilisation générale », en dévoilant au ministère du Travail une campagne d'attractivité nommée « Faites bouger les lignes. » Elle sera bientôt déployée dans l'Hexagone, avec le but avoué de procéder à 2.000 recrutements de chauffeurs d'ici à juin 2023. Le transport de voyageurs comme de marchandises fait partie des trois grandes branches en tension identifiées par les pouvoirs publics, avec l'hôtellerie-restauration et le pôle santé et action sociale. Soit au total 23 métiers à fort déséquilibre entre offre et demande.

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Plus largement, la profession a conclu avec deux ministres, Olivier Dussopt (Travail) et Clément Beaune (Transports), une « convention d'engagements réciproques ». « Il y avait une forte demande des ministères pour que la profession se prenne en main », décode Florence Sautejeau, déléguée générale de l'UTP. Celle-ci va notamment négocier avec les syndicats sur une période longue (dix-huit mois environ) la refonte de son système de classification et de salaires minimums, à l'image du travail accompli, par exemple, par la branche métallurgie. Il s'agit de remettre à plat des grilles qui remontent à 1975, alors que de nouvelles professions sont apparues au fil du temps à côté des classiques chauffeurs-receveurs (mainteneurs de bus électriques ou à hydrogène , billettique, spécialistes du numérique ou des traitements des données de trafic, etc.).

Triple engagement de l'Etat

L'UTP souhaite aussi de doter d'un « outil de branche adapté », pour faire un grand diagnostic des évolutions métier et des compétences, à côté de la SNCF qui forme une branche à elle toute seule, selon les représentants du secteur. D'où une nouvelle « charte de développement de l'emploi et des compétences » adaptée au transport urbain.

En retour, les deux ministères veulent jouer les facilitateurs et s'engagent sur trois points : raccourcir les délais d'obtention définitive des permis D (transport public) pour empêcher l'évaporation de candidats en cours de route, raccourcir également certaines plages de formation ou diplômes. Et surtout, lancer un partenariat avec Pôle emploi, pour mettre à disposition des transporteurs publics des « viviers de candidats », en relayant largement le message dans ses antennes locales.

Denis Fainsilber

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