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Le gouvernement prolonge l'aide à l'apprentissage en 2023 mais réduit la voilure

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt.
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt. EMMANUEL DUNAND / AFP

Les primes de 5000 euros pour les mineurs et de 8000 euros pour les majeurs seront toutes deux ramenées à 6000 euros.

Après deux années d'investissement colossal, le gouvernement ne compte pas délaisser l'apprentissage. Lors d'un déplacement dans les établissements Maleville, une menuiserie d'art qui forme des alternants à Paris, Olivier Dussopt et Carole Grandjean ont donné les détails du dispositif d'aide à l'embauche d'apprentis en 2023.

À partir du 1er janvier, il n'y aura plus deux primes (de 5000 euros pour les mineurs et de 8000 euros pour les majeurs) mais une seule, quel que soit l'âge du jeune, de 6000 euros. Cette somme sera versée à toutes les entreprises – peu importe leur taille – pour les contrats conclus avec un alternant la première année d'exécution. « Ce soutien permettra de faire de la France une véritable nation de l'apprentissage au service du plein-emploi », se sont réjouis les deux ministres, respectivement du Travail et de la Formation professionnelle.

L'ambition de cette évolution, qui peut paraître minime, est multiple. Il s'agit de concentrer plus fortement les efforts de l'État sur les jeunes en CAP ou en lycée professionnel tout en diminuant les effets d'aubaines sur les publics plus qualifiés et dont les bénéfices de l'apprentissage sur l'emploi sont nettement moins évidents.

Au printemps, la Cour des comptes avait critiqué l'action du gouvernement sur ce point dans un rapport au vitriol. Que ce soit au sujet de la réforme de 2018 ou des aides allouées depuis l'été 2020, les magistrats financiers déploraient que les sommes stratosphériques investies par l'État bénéficiaient peu aux jeunes ayant le plus de difficultés à s'insérer dans l'emploi, mais trop aux étudiants en formation supérieure qui ne souffrent pas d'un difficile accès au marché du travail. « Nous sommes passés entre 2017 et 2021 de 137.000 à 238.000 apprentis de niveau bac et infrabac. Et cette prime a vocation à encore plus inciter les entreprises à cibler ces publics », a précisé Carole Grandjean.

C'est un très bel investissement dans notre jeunesse qui vaut la peine

Élisabeth Borne

L'autre enjeu pour l'exécutif était de diminuer, mais dans une proportion très mesurée, le concours financier du dispositif de l'État. En effet, les primes versées aux entreprises en 2021 ont représenté pas moins de 4,4 milliards d'euros sur les 12 milliards d'euros investis au total sur l'apprentissage. L'aide unique de 6 000 euros devrait permettre de dégager autour de 1,5 milliard d'économies et de maintenir un engagement de l'État supérieur à 10 milliards. «En termes de soutenabilité budgétaire, il nous fallait revoir les niveaux décidés pendant la crise du Covid, tout en maintenant un niveau d'investissement qui soit massif», a résumé Olivier Dussopt. Donc diminuer la voilure tout en gardant «une aide qui reste incitative pour les entreprises ».

En concernant plus de 733.000 jeunes en 2021 contre quelque 300.000 en 2018, le ministère du Travail n'entend pas mettre en péril, ni gripper, la bonne dynamique sur l'apprentissage. Ce mécanisme qui allie théorie et pratique en entreprise – et qui bat records sur records depuis 2018 – est un tremplin vers l'emploi pour des centaines de milliers de jeunes chaque année. «C'est un formidable levier d'insertion professionnelle. Et il a fait ses preuves, même en temps de crise, avec un taux de chômage des 18-25 ans qui a très fortement diminué », a rappelé ­Carole Grandjean.

De surcroît, il a participé cette année à près d'un cinquième des créations nettes d'emplois, selon l'Insee. La première ministre, ­Élisabeth Borne, a fixé aux deux ministres d'atteindre le million d'apprentis en année pleine à l'issue du quinquennat. En 2022, la barre des 800.000 contrats signés devrait être franchie, selon le pointage du gouvernement. Et nul doute que la reconduction de la prime à l'embauche les prochaines années, même un peu rabotée, rendra atteignable la barre du million de bénéficiaires en 2027.

À VOIR AUSSI - Réforme du lycée professionnel: Macron veut «valoriser» l'apprentissage


Temps de travail : les internes attaquent les hôpitaux

Par Marie-Cécile Renault

Les syndicats d'internes en médecine et pharmacie ont assigné en justice la trentaine de centres hospitaliers universitaires (CHU) pour faire respecter leur temps de travail. Alors que le maximum légal est de 48 heures par semaine, 70 % des internes déclarent dépasser ce plafond et 50 % faire plus de 58 heures, selon une enquête des syndicats. L'Isni, l'Isnar-IMG (médecine) et la FNSIP-BM (pharmacie) entendent ainsi faire appliquer une décision du Conseil d'État. Le 22 juin, la haute juridiction administrative avait enjoint aux hôpitaux publics de se doter d'un « dispositif fiable, objectif et accessible permettant de décompter » le temps de travail de leurs médecins et internes. Dénonçant « le cynisme de la situation », qui sert à « pallier le manque de moyens de l'hôpital public », les syndicats affirment que ces horaires ont de lourdes conséquences sur la santé des jeunes, avec « 75 % des étudiants en médecine qui ont des symptômes anxieux, 67 % des symptômes de burn-out, 39 % des symptômes dépressifs et 19 % des idées suicidaires ».

Le gouvernement prolonge l'aide à l'apprentissage en 2023 mais réduit la voilure

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9 commentaires
  • Simonlebeniste

    le

    Employeur et maître d’apprentissage dans les métiers d’art (Ebeniste restaurateur) je forme des apprentis depuis 4 ans et effectivement les aides sont bénéfiques. N’oubliez pas qu’un apprenti de 19 ans chez les compagnons est payé 70% du smic brut soit 1150€ ajoutez à cela les frais comptables, la mutuelle, un peu d’Urssaf, la médecine du travail… si il n’y avait pas d’aide (actuellement 666€/mois) l’investissement ne serait pas possible. Ou alors dans d’autres métiers pour leur apprendre à faire des vidanges ou à vendre du prêt à porter.

  • La Esmeralda

    le

    La Cour des comptes a bien raison, dans un pays normal une entreprise qui a besoin d'apprentis les forme pour les embaucher, il n'y a aucun besoin d'intervention de l'État. Ici, on paie les entreprises pour former des apprentis sans aucune garantie de contrat successif. Il est vrai que cela permet aux entreprises d'avoir des stagiaires pendant un an payés en grande partie par le contribuable.

  • Anonyme

    le

    Part des MNA dans le système ? Car quand on voit que certains jeunes apprentis a la campagne , ont des difficultés a trouver des stages . Faute de pouvoir se loger en ville .

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