Ce métier qui recrute : cuisiniste, architecte de la «pièce préférée des Français»

Toutes les enseignes, spécialisées ou non, en recherche. Les concepteurs-cuisinistes ont le vent en poupe. Une profession qui mêle différentes compétences et dans laquelle les salaires peuvent vite grimper.

Cuisiniste, un métier qui recrute. Luke Miller
Cuisiniste, un métier qui recrute. Luke Miller

    « La cuisine est la pièce préférée des Français et depuis longtemps », lance avec un grand sourire Christian Sarrot, secrétaire général du syndicat national de l’équipement de la cuisine (SNEC). Et d’enchaîner avec le même enthousiasme : « actuellement notre branche recherche quelque 4 000 concepteurs-vendeurs ».

    Ce chiffre donne le vertige d’autant plus que les rémunérations sont plutôt attractives dans ce milieu avec un salaire net mensuel de 2000 euros pour un débutant, de 2 500 pour un concepteur déjà un peu aguerri et cela peut même grimper jusqu’à 3 500 ou 4 500 euros net par mois pour les meilleurs de la profession (fixe et variable).

    La cuisine élément central de l’habitation

    « Le Covid a accéléré les commandes, avoue Claire Naizin, responsable du développement des talents chez But. Les gens ont eu envie d’investir dans leur intérieur alors même qu’ils y passaient du temps. » « Les Français ont pris conscience qu’habiter en collectivité, en famille, toute une journée pouvait générer de l’inconfort. Il fallait trouver des espaces pour que les enfants, le mari, l’épouse travaillent. Et, naturellement, la cuisine est un lieu important car c’est là que l’on reçoit ses amis, où l’on fait plein de choses », confirme le représentant du SNEC.

    À tel point que ça recrute à tour de bras dans toutes les enseignes généralistes ou spécialisées. « Concepteur-vendeur est un métier très complet. Il faut savoir accueillir le client car on vend un vrai projet. On doit comprendre son mode de vie, son quotidien, identifier ses besoins. Bref, il faut être curieux et aussi vigilant sur des handicaps par exemple, souligne Claire Naizin. En plus, il y a aussi tout l’aspect technique, avec la conception de l’intérieur en 3D, le design, les zones froide, chaude ou de lavage. Ce métier est vraiment très proche de celui d’architecte d’intérieur. Il faut également bien maîtriser les textes comme la nouvelle réglementation environnementale - la RE 2020 -, les normes électriques ou de gaz mais aussi s’y connaître en électroménager. »

    Une profession très complète

    Le cuisiniste est donc un expert dans de multiples domaines mais cette profession reste méconnue. À tel point que les enseignes recherchent des candidats en externe mais aussi en interne. « Nous faisons passer un test d’évaluation à nos candidats pour savoir s’ils ont des appétences pour cette profession mais aussi des qualités pour tout ce qui concerne la vision dans l’espace, poursuit la responsable chez But. Nous avons formé 102 personnes et 98 ont été intégrées. Le nombre de stagiaires ne s’essouffle pas chez nous et ce sont tout autant des femmes (52 %) que des hommes. »

    En marge des formations que proposent tous les grands noms, des écoles spécialisées sont aussi à la disposition des candidats au métier de concepteur-vendeur de cuisine. Il en existe un peu partout dans l’Hexagone. À La Fabrique, école qui dépend de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris - Île-de-France, il y a deux sessions par an (octobre et mars) qui font le plein pour une formation de 9 mois (385 heures) prise en charge le plus souvent via l’opérateur de compétences (OPCO) et l’alternance.

    « En plus de la technique, de la décoration d’intérieur, du commercial, il y a aussi toute une partie administrative, déclare Roberto Drapron, coordinateur pédagogique à La Fabrique et ex-cuisiniste et gérant de magasin lui-même. C’est l’un des rares métiers où on reçoit un client, on conçoit avec lui un projet, on lui vend et ensuite on est également en contact avec l’usine de fabrication, on planifie la livraison puis l’installation. C’est très complet. »



    Bilan, depuis quelques années, ils sont nombreux à pousser les portes de ce centre de formation porte de Champerret à Paris (XVIIe). Les profils sont très différents mais ils ont, pour la majorité un point commun : ils sont en reconversion. « Nous avons des étudiants de 21 ans mais aussi des personnes qui en ont 50. Toutefois, les personnes qui sortent d’école et nous rejoignent, c’est assez rare. Malgré tout, nous voyons de plus en plus de jeunes de 24, 25, 26 ans qui décident de changer radicalement de voie. Je pense notamment à quatre étudiants en Staps (éducation physique) qui sont devenus cuisinistes. D’ailleurs, depuis quelques années, nous sommes de plus en plus sollicités pour ces formations. Elles souffrent juste d’un manque de connaissance parmi le grand public. C’est pour cela que nous faisons beaucoup de salons d’étudiants ou de salons professionnels. »

    L’interview

    Laurence Chrétien, directrice des ressources humaines pour le groupe Schmidt, qui comprend également l’enseigne Cuisinella, est en permanence en plein recrutement. Entre ouvertures de magasins et turn-over naturel, quelque 170 postes sont à saisir.

    LES PROFILS. « On cherche des personnalités, car être cuisiniste c’est concevoir un projet du début à la fin, pouvoir être force de proposition, savoir écouter ceux qui ont des idées arrêtées comme ceux qui viennent sans vraiment savoir. Il faut aussi être créatif et être très orienté vers le client car, lors du premier rendez-vous, on boit un café et au dernier, après la pause, le champagne, détaille Laurence Chrétien. Nous avons ainsi quelque 170 postes ouverts en ce moment chez Schmidt et Cuisinella partout en France. »

    LA RÉMUNÉRATION. « C’est très variable d’un magasin à un autre. Le minimum c’est bien évidemment le smic en fixe mais ensuite tout dépend de la part variable. Avec un peu d’expérience, un concepteur-vendeur peut gagner 3 000 ou 4 000 euros brut par mois. »

    LES ÉVOLUTIONS. « Elles sont nombreuses. On peut devenir chef des ventes ou même ouvrir son propre magasin. Les personnes peuvent aussi bouger d’un magasin à un autre et même rejoindre le groupe. Il y a des passerelles qui fonctionnent très bien. Certains deviennent ainsi formateurs ou animateurs réseaux. Notre but est de donner de la visibilité aux directeurs de magasin pour qu’ils gardent leurs talents et pour que ces derniers ne partent pas chez les concurrents. »

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