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Face à l’inflation, le quotidien éprouvant des étudiants : « Je défie quiconque de vivre avec 12,50 euros par semaine ! »

La hausse des prix, conjuguée à la réduction des aides familiales, précarise les étudiants de la classe moyenne. Ils viennent grossir les rangs des distributions alimentaires, où l’affluence bat de tristes records.

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Publié le 06 décembre 2022 à 06h30, modifié le 06 décembre 2022 à 15h18

Temps de Lecture 6 min.

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Il y a comme un sentiment de déjà-vu. Devant les distributions alimentaires, les interminables files d’attente d’étudiants n’ont jamais désempli depuis le début de la crise du Covid-19. Les images semblent identiques à celles des hivers 2020 et 2021. Mais la précarité tape désormais à toutes les portes, tant l’inflation fragilise une population aux finances déjà instables.

La galère ne s’invite pas que dans les chambres des centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de 9 mètres carrés : elle s’immisce aussi chez les étudiants issus de la classe moyenne, seuls ou en colocation, dont les parents gagnent « trop » pour qu’ils soient éligibles aux bourses sur critères sociaux, ou dont les familles, elles-mêmes touchées par l’augmentation des prix, ne peuvent plus mettre la main à la poche pour continuer à les aider.

A 19 ans, Laudine culpabilise de « faire payer » ses parents, tous les deux professeurs en lycée. Après deux années de classe prépa à Poitiers, la jeune femme a été acceptée dans une prestigieuse double licence à la Sorbonne. « J’ai vraiment hésité à venir à Paris, à cause des prix, raconte cette aînée d’une fratrie de quatre. Mes parents, séparés, se sont beaucoup disputés à ce sujet. » Non boursière, car « juste à la limite », Laudine a trouvé à se loger dans un foyer d’étudiantes tenu par des religieuses.

C’est son père qui finance l’intégralité de son loyer : 600 euros pour une chambre de 10 mètres carrés, avec cuisine commune et toilettes sur le palier. « Mais c’est tout compris, et le petit déj est inclus ! », précise l’étudiante. Pour tout le reste, sa mère lui donne 180 euros par mois – soit 80 euros pour ses billets de train pour Poitiers, 100 euros pour manger. « Elle ne peut pas faire plus, elle est déjà obligée de donner des cours particuliers pour pouvoir m’aider. Quand je rentre, pour économiser sur les courses, elle me prépare aussi quelques plats congelés. »

Accordées en fonction des ressources des parents et des charges liées aux caractéristiques de la famille, les bourses comptent huit échelons, du plus élevé (5 965 euros annuels) au plus bas (1 084 euros annuels). En France, cette ventilation des montants par échelon entraîne des effets de seuil et exclut, de fait, toute une population issue des classes moyennes.

Par ailleurs, ce système de protection sociale étant « familialisé » – les étudiants sont d’abord considérés comme les enfants de leurs parents, avant d’être des adultes autonomes –, certains jeunes restent plus dépendants de la solidarité familiale, et tous ne peuvent travailler à côté. Selon la dernière enquête « Conditions de vie » de l’Observatoire de la vie étudiante, publiée en 2020, près de 43 % du budget mensuel des étudiants issus de classes moyennes provient de leur famille, contre 32 % chez les étudiants de classes populaires.

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