Paris : le lycée Louis-Armand veut rester polyvalent

Enseignants, parents et lycéens organisent une soirée, ce jeudi, devant le lycée pour le maintien de la filière générale, menacée de disparition progressive dès la rentrée prochaine.

Professeurs, parents d'élèves, élus... La mobilisation est générale pour conserver la mixité sociale et éducative du "lycée du numérique". LP/E.S.
Professeurs, parents d'élèves, élus... La mobilisation est générale pour conserver la mixité sociale et éducative du "lycée du numérique". LP/E.S.

    « Depuis toujours, on nous répète que nos enfants doivent être scolarisés dans leur quartier… Et maintenant, on veut les envoyer je ne sais où ! » Dans la voix de Lily, maman de deux élèves de seconde générale et de 1re au lycée polyvalent Louis-Armand, perce le dépit que partagent les enseignants du « lycée du numérique », mais dont la filière générale accueille 200 élèves, sur l’effectif total d’un millier.

    Alors, ce jeudi (18 h 40, au 321, rue Lecourbe), une scène peu commune ambitionne de fédérer les soutiens, sur le parvis du seul lycée polyvalent du sud du XVe arrondissement de Paris. Entre vin chaud et guitare, la défense d’une mixité sociale et éducative vertueuse se met en marche, et passe par le refus de la fermeture annoncée de la filière générale. Une décision passée inaperçue derrière la menace de fermeture radicale de plusieurs établissements professionnels.

    « On coûte trop cher »

    « Cela nous a été annoncé dans le cadre du transfert du lycée de la photographie Brassaï, et d’une baisse générale du nombre de lycéens, explique Sébastien Perrot, professeur de philosophie. Nous sommes tout à fait d’accord pour accueillir Brassaï, mais pas en supprimant les sections générales ! »

    Pour cet enseignant attaché à la diversité installée à Louis-Armand, l’argument des effectifs en baisse est faux, au regard des classes surchargées des autres lycées. « Au lycée Buffon, ou à Camille-See, les polyvalents du XVe, ils sont à 35 élèves par classe ! La réalité, c’est qu’avec nos classes à 27 élèves, on coûte trop cher… » soupçonnent les enseignants, soutenus par la mairie du XVe et les parents.

    Resserrer l’établissement à ses contours professionnels et techniques risque selon eux de détruire « tout le chemin parcouru en matière de mixité sociale, culturelle, d’enseignements ». Il casse aussi les ambitions de Louis-Armand, dont les professeurs projetaient par exemple de créer une filière européenne.

    800 élèves en moins dans les lycées en 2023

    Le maire (LR) du XVe, Philippe Goujon, et son adjointe à l’enseignement secondaire, Inès de Raguenel, ont saisi le recteur qu’ils exhortent à renoncer à démunir le sud du XVe, et ses quartiers les plus denses, de « la seule voie d’enseignement général ».

    L’académie de Paris confirme de son côté, « pour la première fois en lycée, une très forte baisse démographique, qui s’inscrit dans le cadre d’une baisse démographique structurelle mais encore accélérée ces dernières années dans le premier degré et au collège, avec 3 000 élèves de moins en deux ans ». Le rectorat estime à « plus de 800 élèves » la baisse prévue en lycée à la rentrée 2023, « ce qui implique de fermer des divisions, notamment dans les lycées qui ne remplissent pas ». Parmi eux, Louis-Armand, dont le rectorat estime que sa mixité sera au contraire renforcée par la venue de Brassaï et de nouvelles spécialités.