Pour susciter des vocations, Julie Bouvry, proviseure du lycée Rodin, dans le 13e arrondissement de Paris, a mené un gros travail de pédagogie auprès des familles et a mis en place le dispositif des Cordées de la réussite censé lutter contre l’autocensure des élèves. Au plus fort de la crise sanitaire, elle a aussi organisé des portes ouvertes virtuelles dans son établissement. Mais cela n’a pas suffi. A la rentrée 2022, Julie Bouvry a dû malgré tout fermer sa prépa économique et commerciale. « Je n’avais plus le choix, assure-t-elle. Ces trois dernières années, nous ne comptions plus que vingt-cinq ou vingt-six élèves en première année au lieu des quarante-huit attendus. » Une situation particulière qui reflète une tendance générale en France.
D’après une note du ministère de l’enseignement supérieur de février, les classes préparatoires filière économique ont accueilli, à la rentrée 2021, 8 800 nouveaux entrants, soit une diminution de 10 % en un an. « Les sondages que nous avons effectués au mois de septembre auprès d’une centaine d’établissements montrent qu’il n’y a pas eu d’effet rebond cette année, précise Alain Joyeux, président de l’Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales (Aphec). Si les lycées de centre-ville dans les grandes métropoles ont très bien rempli, voire parfois mieux que l’an dernier, les classes prépa de proximité, elles, ont continué de souffrir. »
La disparition des mathématiques dans le tronc commun de première et terminale, à la rentrée 2019, dans le cadre de la réforme Blanquer, n’y est évidemment pas pour rien. « Les maths étant obligatoires en classe prépa ECG, on ne peut pas recruter des élèves qui ont abandonné cet enseignement au lycée », rappelle ainsi Alain Joyeux. Et ils sont de plus en plus nombreux : avant 2019, à l’époque des terminales L, S et ES, « seuls » 50 000 élèves n’étudiaient plus les maths en terminale. Avec la réforme du baccalauréat, ils sont passés à 170 000 en 2021 sur 375 000 élèves de terminale générale, selon l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public (APMEP).
« Possibilité parmi d’autres »
La refonte des prépas HEC en plein Covid-19 a contribué à cette désaffection. Dans le sillage de la réforme du lycée, les classes préparatoires économiques et commerciales option économique (ECE) et option scientifique (ECS) ont fusionné, en septembre 2021, en une seule : la prépa économique et commerciale voie générale dite ECG. « A cause de la pandémie, beaucoup de salons et de journées portes ouvertes ont été annulés, regrette ainsi Alain Joyeux. Nous n’avons donc pas pu communiquer autant que nécessaire sur cette nouvelle filière. »
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