Analyse. Le retour « définitif et durable » du spectateur en salle, cet être aimé du cinéma français, est-il enfin acté ? L’air du temps a changé : le refrain mortifère « les gens ne vont plus au cinéma » entonné au début de l’automne, n’est plus de mise.
Après une rentrée difficile, et un mois de septembre plus que déroutant (seulement 7,38 millions d’entrées), les spectateurs ont retrouvé le chemin des salle depuis la fin du mois d’octobre (plus de 14 millions d’entrées). La reprise s’est consolidée en novembre et l’année 2022 pourrait se terminer avec un nombre total d’entrées proche de 150 millions – contre environ 200 millions à la fin des années 2010, 2019 ayant été exceptionnelle avec 213 millions d’entrées. Des pays comme l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre ou l’Allemagne connaissent des baisses de fréquentation beaucoup plus inquiétantes.
On n’aura jamais autant scruté les chiffres, tels des infirmiers au chevet du malade, dessinant la courbe de température au pied du lit. A présent, les professionnels essaient de préparer l’avenir, lequel ne s’annonce pas simple. Pour vivre, les salles doivent pouvoir offrir une grande diversité d’œuvres, depuis le film art et essai, voire de recherche, jusqu’au divertissement, et ce sont ces grosses productions (notamment américaines) qui ont fait défaut au lendemain de la réouverture des salles en France, le 19 mai 2021, après plus de trois cents jours de fermeture pour cause de pandémie. Le manque de blockbusters est l’une des raisons pour lesquelles les multiplexes souffrent davantage que les salles indépendantes.
En France, en 2022, le cinéma en salle aura connu des hauts et des bas, mais in fine le cycle vertueux de l’écosystème a repris le dessus, avec une variété de longs métrages réalisant de beaux scores : quelques films d’auteur, La Nuit du 12, de Dominik Moll, Revoir Paris, d’Alice Winocour, ou encore L’Innocent, de Louis Garrel, des œuvres grand public comme Novembre, de Cédric Jimenez, et Simone ; Le voyage du siècle, d’Olivier Dahan, enfin quelques mastodontes tel Top Gun : Maverick, avec Tom Cruise (plus de 6 millions d’entrées). Sans parler d’Avatar. La voie de l’eau, de James Cameron, en salle depuis le 14 décembre.
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