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« Des crises, le cinéma en a vu d’autres ! », décrypte Laurent Creton, professeur à l’université Paris-III Sorbonne-Nouvelle

Le professeur d’économie du cinéma rappelle, dans un entretien au « Monde », que les salles obscures en France ont déjà connu des chutes de fréquentation, notamment en 1992, avant de réussir à rebondir.

Propos recueillis par 

Publié le 20 décembre 2022 à 08h00, modifié le 20 décembre 2022 à 08h28

Temps de Lecture 3 min.

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Laurent Creton, lors de la 17ᵉ édition du festival Ciné32 Indépendance(s) et création, à Auch (Gers), en 2014.

Les cinémas ont subi de plein fouet les fermetures et les contraintes liées à la pandémie de Covid-19. En France, la fréquentation a dévissé d’environ 70 % en tombant à 65 millions d’entrées en 2020. Nouvelle année noire en 2021 avec 96 millions d’entrées. En 2022, la situation s’est améliorée avec près de 139 millions de spectateurs (entre le 1er janvier et fin novembre), même si ce résultat reste en repli d’un tiers par rapport à la même période de 2019. Laurent Creton, professeur à l’université Paris-III Sorbonne Nouvelle et membre de l’Institut de recherche sur le cinéma et l’audiovisuel (IRCAV), analyse d’un point de vue historique l’évolution erratique de la fréquentation en salles depuis la naissance du cinéma.

Comment cette crise s’inscrit-elle dans une perspective historique, depuis la création du
cinéma en 1895 ?

Historiquement, la fréquentation du cinéma a connu deux pics, le premier en 1947, avec 423 millions d’entrées en France. On constate après-guerre un engouement pour les films hollywoodiens et plus encore pour les films français – surtout ceux qui mettent à l’affiche des acteurs consacrés, tels Bourvil, Fernandel, Jean Gabin ou Michèle Morgan. Le cinéma est plus que jamais un loisir populaire, accessible, de proximité. Un second pic est enregistré en 1957 (411 millions d’entrées), avant une très forte chute puisque la fréquentation va tomber à 184 millions en 1969.

Ainsi, à partir de 1958, le taux d’équipement des foyers en téléviseurs augmente régulièrement, les ménages sont aussi mieux installés, le mode de vie change avec l’engouement pour les voitures, qui permettent de partir le week-end, et un intérêt nouveau pour la musique anglo-saxonne apparaît. La société de consommation se développe en même temps que celle des loisirs, mais pas au profit du cinéma. On constate un fort décrochage entre 1958 et 1969 – qui n’a rien à voir avec le général de Gaulle… Les salles vieillissent, les grandes vedettes prennent de l’âge, les films ne semblent plus tout à fait au goût du jour. Et la Nouvelle Vague, malgré une reconnaissance critique et une influence exceptionnelles, n’attire qu’une audience relativement modeste, très insuffisante pour relancer la fréquentation.

« Le cinéma, c’est une expérience, et c’est l’inverse de ce que propose l’offre audiovisuelle multiforme »

L’étiage le plus bas est touché en 1992, avec 116 millions de spectateurs. La situation se dégrade depuis trente-cinq ans et de nombreux cinémas ferment. Pour bon nombre d’observateurs, la fin des salles semble inéluctable. Le cinéma est alors confronté directement à la concurrence de la télévision en couleurs, l’arrivée du magnétoscope et des cassettes vidéo à la fin des années 1970, de Canal+ en 1984, de nouvelles chaînes privées… Il ne faut pas être amnésique. Des crises, le cinéma en a vu d’autres ! Les salles aussi.

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