« Mais que fait Pap Ndiaye ? » La question brûlait les lèvres d’une partie de la communauté éducative ces dernières semaines. Sept mois après son arrivée Rue de Grenelle, le ministre de l’éducation s’est attaché à mettre en place sa « méthode » fondée sur des concertations nationales, concernant la revalorisation salariale des enseignants, et locales, par le biais du Conseil national de la refondation. Mais les mesures concrètes, excepté sur la réintroduction des mathématiques en classe de 1re, tardent à venir. Pire : le ministre est apparu souvent silencieux, dans l’ombre d’Emmanuel – voire de Brigitte – Macron.
Avec sa prise de parole dans Le Monde, Pap Ndiaye tente de reprendre la main et de se montrer à la manœuvre. « Les constats sont durs », assène le ministre. Toujours prudent, il muscle malgré tout son propos. « Malgré des avancées majeures, qui ont notamment permis de soutenir les premières années de l’école primaire et qui montrent des résultats encourageants, le chemin est encore long pour affermir la promesse républicaine de l’école », estime le ministre.
Attaquant en filigrane le bilan de son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer, il rappelle que la défiance s’accroît envers l’institution, « marquée par la montée en puissance du secteur privé et par le scepticisme exprimé d’une partie des parents ».
Pap Ndiaye formule trois « exigences » : élever le niveau scolaire des élèves, développer la mixité sociale et améliorer le fonctionnement de l’école. En sept mois, son discours a évolué. Il ne parle plus de la place des savoirs fondamentaux mais assume la baisse du niveau des élèves, « dont les comparaisons internationales révèlent les lacunes préoccupantes ».
« La confiance est loin d’être rétablie »
Au-delà de la feuille de route fixée par Emmanuel Macron, il souhaite faire de la mixité sociale sa marque de fabrique. « Des objectifs seront assignés aux recteurs d’académie, qui, en lien avec les collectivités territoriales, pourront notamment agir sur les affectations scolaires. L’enseignement privé sous contrat devra apporter sa contribution à cet effort », prévient Pap Ndiaye, qui veut également engager « le chantier de la refonte de la carte de l’éducation prioritaire ». Le bien-être des élèves, à peine évoqué, ou la transition écologique, totalement absente alors qu’elle faisait partie de ses priorités en juin, ne figurent plus au premier plan.
Un discours suffisant pour convaincre les enseignants ? Ces derniers attendent des actes depuis plusieurs mois. Les esquisses d’une revalorisation salariale qui ne toucherait pas les professeurs les plus expérimentés ou les 1 500 suppressions de postes prévues en 2023, au regard de la démographie scolaire, attisent la colère d’une partie de la profession. « Il n’est fait référence nulle part à la question des moyens. L’objectif de 10 % d’augmentation salariale a même disparu », remarque ainsi Sophie Vénétitay, responsable du SNES-FSU, le principal syndicat enseignant du second degré.
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