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Répondant à une question posée au parlement par Fatiha Keloua-Hachi, députée socialiste de Seine-Saint-Denis, à propos de la fixation au mois de mars des dates de passage des épreuves de spécialité (EDS) du baccalauréat, le ministre de l’éducation, Pap Ndiaye, a estimé que « la réforme du baccalauréat avec plusieurs séquences d’examen permet d’atténuer “l’effet couperet” d’une évaluation finale concentrée sur une semaine seulement, comme c’était le cas auparavant. Les révisions et les efforts sont ainsi lissés, évitant le risque de bachotage (…), ces modalités d’examen préservent les lycéens d’un travail excessif en fin d’année et d’une charge mentale accrue à la veille des épreuves de philo et du grand oral auxquels s’ajoute la confirmation des vœux de Parcoursup. »
Avec l’ancienne formule du bac, les élèves étaient évalués en fin de formation sur cinq ou six épreuves en juin. Avec la nouvelle formule, ils sont désormais évalués en contrôle continu (pour 40 %) et en épreuves finales (pour 60 % de la note) sur cinq disciplines : les épreuves de français se déroulent en fin de première, les deux épreuves de spécialité en mars, celles de philosophie et le grand oral en juin. Cette organisation est justifiée, selon le ministère, car elle permet d’intégrer les résultats des EDS dans les dossiers de Parcoursup. Mais elle se traduit, pour les élèves, par une détérioration globale de leurs conditions d’apprentissage.
En effet, pour tenir compte de ce calendrier, les programmes de certaines épreuves ont été aménagés. Dans certaines disciplines, comme les sciences économiques et sociales, certains chapitres, pourtant fondamentaux, ne sont plus abordés. Dans d’autres disciplines, les exigences sont restées les mêmes, ce qui oblige les enseignants à une véritable course contre la montre pour boucler le programme, au détriment de l’apprentissage des méthodes propres à chaque discipline, alors qu’ils risquent de se retrouver au chômage technique après les épreuves de mars.
Absentéisme stratégique
De plus, avec l’éclatement du groupe classe engendré par la réforme, l’organisation d’épreuves « type bac » en quatre heures est devenue un véritable casse-tête. Avec la réforme du bac il est donc de plus en plus difficile d’entraîner et de préparer les élèves aux exigences de l’examen.
Enfin, le principe selon lequel il faudrait « éviter le bachotage » semble une évidence sur laquelle nous aimerions toutefois revenir. Le bachotage désigne, de façon péjorative, la façon dont des étudiants doivent s’approprier un volume important de connaissances en un temps limité pour préparer le bac (ou un autre examen) ; connaissances qu’ils risquent sans doute d’oublier une fois l’examen passé. Le bachotage renvoie donc à un mode superficiel et « scolaire » d’appropriation des savoirs.
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