Pap Ndiaye poursuit ses annonces au compte-gouttes. Attendues depuis plusieurs mois mais repoussées à de multiples reprises, des mesures pour le collège ont été dévoilées, mercredi 4 janvier, par le ministre de l’éducation nationale. Le locataire de la Rue de Grenelle a annoncé sur RMC-BFM-TV la généralisation du dispositif « devoirs faits » et la création d’une heure hebdomadaire d’« approfondissement en français et en mathématiques » pour les élèves de 6e selon leur niveau scolaire. Fait nouveau, cette heure supplémentaire sera assurée par des professeurs des écoles qui viendront dans les établissements.
La mesure vise à répondre, a expliqué le ministre, à une « difficulté majeure en ce qui concerne les savoirs fondamentaux ». Les évaluations d’entrée en 6e montrent que « 27 % des élèves n’ont pas le niveau requis en français et un tiers n’ont pas le niveau en mathématiques », a rappelé Pap Ndiaye. Cela permettra, en outre, un « agrafage meilleur entre l’école primaire et le collège », a-t-il assuré.
Le ministre a plusieurs fois, depuis sa prise de fonctions, décrit le passage en 6e comme une « rupture trop forte » qui « renforce les inégalités scolaires plutôt qu’elle ne les réduit ». Le dispositif annoncé est calqué sur celui des « 6e tremplin » expérimenté dans six collèges de l’académie d’Amiens depuis la rentrée 2022, mais dont aucune évaluation n’a encore été faite.
Pour les deux autres niveaux du « cycle 3 », le CM1 et le CM2, des « recommandations pédagogiques » sur « la pratique régulière de la dictée, la pratique quotidienne de la rédaction, la régularité du calcul mental » seront envoyées aux enseignants dans le courant du mois de janvier, a ajouté le ministère de l’éducation nationale dans un communiqué envoyé par la suite. Tous les élèves de CM1 passeront en outre des évaluations nationales en français et en mathématiques à partir de la rentrée 2023.
Mesure « cosmétique »
Les principaux syndicats enseignants accueillent cette annonce avec circonspection, soulignant, comme Stéphane Crochet pour le SE-UNSA, des « difficultés organisationnelles pour les professeurs des écoles » qui se font déjà jour dans l’expérimentation d’Amiens. Ils y voient surtout une mesure « cosmétique », selon les mots de Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, alors que le ministre avait parlé dès le mois de septembre du collège comme « l’homme malade du système ». « Un traitement homéopathique » qui ne « permettra pas de travailler dans la durée sur les difficultés des élèves », ajoute-t-elle.
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