A l’approche des Jeux olympiques de 2024, le ministère de l’enseignement supérieur s’est engagé à améliorer l’accueil et l’accompagnement des étudiants sportifs de haut niveau. Solène Lefebvre, doctorante à l’université Grenoble Alpes, qui rédige actuellement une thèse sur leur santé mentale, et Sandrine Isoard, maîtresse de conférences en psychologie sociale de la santé et de l’activité physique, expliquent le « conflit » que vivent ces étudiants pour arbitrer entre les exigences de leurs deux carrières.
Pourquoi certains sportifs de haut niveau concilient-ils compétition et études ?
S. L. : C’est pour beaucoup une manière de préparer l’avenir et d’anticiper leur reconversion car les carrières sportives s’arrêtent relativement tôt dans la vie. Pour d’autres, qui ne sont pas, ou peu, financés en tant que sportifs professionnels, cela répond à un besoin immédiat de se former pour assurer leur avenir professionnel à côté de leur sport. Enfin, nombre de sportifs ne veulent pas « lâcher » les études pour garder un bon équilibre de vie, avoir un sas de décompression vis-à-vis d’un sport qui est source de pression et de stress.
Notre travail s’intéresse à la santé mentale de ces étudiants qui doivent porter en parallèle un projet sportif et un projet académique. Une double casquette, source à la fois d’enrichissements, que ce soit dans le sens des études vers le sport et inversement, mais aussi de conflits.
Dans quelle mesure l’activité sportive et les études peuvent-elles entrer en conflit ?
S. L. : La plupart des athlètes interrogés évoquent un défi d’organisation, d’abord en termes de temps. Cours, entraînements, révisions, compétitions, etc. : ils ont l’impression de devoir « jouer à Tetris » dans leur agenda, pour reprendre leurs mots. Régulièrement, l’une des activités empiète sur l’autre, créant des conflits que nous rapprochons de ceux existant entre l’activité professionnelle et la vie de famille : dois-je me reposer avant cette compétition ou réviser ? Puis-je me passer de cet entraînement pour aller en cours ? Etc.
Leur temps est une ressource limitée, tout comme leur énergie et leur résistance au stress, ce dernier étant susceptible de se transmettre d’une activité à l’autre, avec un impact sur les performances. Le conflit peut également être lié à des attentes différentes dans chacune des activités. Le sportif doit par exemple appliquer avec méthode ce qui lui est préconisé, alors qu’à l’inverse il doit faire preuve d’une grande autonomie dans ses études… Concilier études et sport de haut niveau peut être source de bien-être ou de souffrance mentale.
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